La réussite est un temps difficile. Jamais, sans doute, les Annales n'ont été autant citées, utilisées, imitées. On leur consacre des colloques, des études. Un peu partout, à l'étranger, et en dernier lieu dans le monde anglo-saxon (pourtant longtemps réticent), on en revendique l'héritage. Il y a même quelque chose d'inquiétant dans cette crue nouvelle d'intérêt : de tous côtés on analyse, on dissèque un mouvement qui se voudrait encore vivant. Vivant ? Est-ce, si sûr ? Dans le temps même où la revue et ceux qui s'en réclament devenaient objet d'études historiographiques, la critique s'est faite plus sévère. Elle vise parfois le succès même de l'entreprise à laquelle elle reproche de n'être plus, précisément, qu'une entreprise.