Perçues, dans les années 1970, comme les fondements du futur État, les municipalités palestiniennes se trouvent discréditées, immédiatement après la signature des accords d’Oslo, sur la base de leur ancien engagement partisan, quel qu’il ait pu être, et de leurs pratiques. Les rapports d’évaluation réalisés sur le sujet en 1993-1994 par les différents acteurs concernés – « élus» locaux, équipes ministérielles ou donateurs internationaux – partent tous d’un constat de vacance du pouvoir à l’échelle locale et formulent un diagnostic sévère sur l’« état de santé» des municipalités. Les prestations de services y sont montrées du doigt, ainsi que leurs modes de gestion. Nous avons ici, dans un premier temps, replacé le « vide de pouvoir» dans son contexte historique avant d’analyser, dans un second temps, la manière dont les différents protagonistes expliquent cette situation qu’ils ont diagnostiquée et de laquelle ils partent. Des représentations du passé distinctes, sinon concurrentes, émergent de leurs discours. Elles sont révélatrices des conflits de mémoire que l’histoire politique des municipalités engendre en ce « temps d’une métamorphose» que constitue l’ouverture du processus de paix.