Dans un livre marquant – Growing public – Peter Lindert propose d’analyser les dépenses publiques de redistribution en examinant l’économie politique des mesures prises dans un large éventail de pays au cours des trois derniers siècles. L’ambition est de rendre compte de l’histoire des politiques sociales, du rythme de leur développement, de leurs variations d’un pays à l’autre et des effets qu’elles ont eus.
Par l’éclairage nouveau qu’il apporte sur l’histoire de cet ensemble de transferts – des dépenses d’assistance aux pauvres ou d’éducation jusqu’aux formes actuelles de sécurité sociale –, le livre appelle au débat. Comme l’auteur a construit son enquête sur un modèle dont il dégage les éléments à partir de l’examen minutieux des expériences divergentes des pays d’Europe de l’ouest depuis le XVIIIe siècle, une façon de mettre à l’épreuve sa démarche consiste à se demander si ses conclusions sont tributaires des limites spatiales et temporelles qu’il a retenues. C’est ce que tentent ici R. Bin Wong et Gilles Postel-Vinay. L’un déplace l’analyse vers d’autres espaces – en l’occurrence la Chine – l’autre revient sur les expériences européennes soit en les situant dans une durée plus longue soit en faisant varier l’échelle de l’analyse pour se situer au niveau le plus décentralisé auquel sont prises les décisions. Peter Lindert répond à l’un et l’autre.