Les pêcheries du delta central du Niger font l'objet d'une exploitation intensive depuis de nombreuses années. L'analyse des débarquements de poisson pendant les deux dernières décennies laisse apparaître de fortes fluctuations dans la production qui décroît régulièrement de 87 000 t en 1969–70 à 37 000 t en 1984–85. Deux causes peuvent être évoquées pour expliquer ce phénomène : l'apparition de la sécheresse en Afrique et/ou l'augmentation de la pression de pêche. Dans le premier cas, les captures annuelles et l'indice d'inondation des plaines, calculés en fonction du cycle hydrologique du delta (de juillet à juin), sont bien corrélés, ce qui s'explique a posteriori par la composition des captures qui s'effectuent à 69 % sur des poissons de moins de 1 an. Dans le second cas, certains éléments suggèrent qu'il y a eu une intensification importante de la pression de pêche sans que celle-ci puisse être chiffrée. La chute des captures totales ne semble pourtant pas due à une mauvaise exploitation des ressources. Les difficultés ressenties par les pêcheurs : réduction des prélèvements individuels qui passent de 1 900 kg/an en 1966 à 740 kg/an en 1989, nécessité de diversifier les activités en pratiquant l'agriculture ou de migrer vers les lacs de barrage ou à l'étranger, seraient donc dues à des phénomènes naturels (sécheresse) ayant entraîné par la suite des complications d'ordre sociologique et économique. De fait, la réduction des zones en eau provoque une diminution des sites exploitables et l'émergence de conflits entre villages ou familles pour l'accès à la ressource. Par ailleurs, un certain relâchement du contrôle des autorités traditionnelles lié à un accroissement démographique important aurait provoqué une augmentation du nombre de pêcheurs en vingt ans de l'ordre de 20 000 personnes (43 000 en 1966 contre 63 000 en 1989) conduisant à un partage difficile des captures par ailleurs en baisse.