Introduction. Le drageonnage et le marcottage aérien de trois fruitiers à
usages multiples, Balanites aegyptiaca, Diospyros mespiliformis et
Sclerocarya birrea, ont été étudiés dans le secteur climatique
sahélo-soudanien à Kéring en vue de contribuer à la régénération à faible coût de ces
espèces surexploitées. Matériel et méthodes. Dans trois stations
représentatives de cette localité (jardins de case, brousse, berges de cours d’eau), un
inventaire de 90 arbres par espèce a été réalisé au préalable pour détecter la présence
d’éventuels drageons ou marcottes terrestres naturels. Ensuite, les possibilités
d’induction de drageons au début de la saison des pluies par blessure ou sectionnement de
racines et l’aptitude au marcottage aérien en fin de la saison des pluies ont été testées
sur les pieds ciblés. Résultats et discussion L’espèce
Sbirrea a présenté une aptitude très élevée pour le
drageonnage naturel par rapport aux deux autres espèces. D. mespiliformis
a drageonné moyennement alors que B. aegyptiaca, espèce
fourragère très broutée, a montré ici une faible aptitude au drageonnage. L’effet de la
station a été significatif; il y a eu une plus forte fréquence de drageons au niveau des
berges des cours d’eau. Le marcottage terrestre naturel n’a pas été remarqué sur les 270
arbres observés. L’induction du drageonnage réalisé au début de la saison des pluies par
sectionnement complet de racines superficielles a été plus efficace après 9 mois (taux de
57,7 %, toutes espèces confondues) que la méthode d’induction par blessure légère des
racines traçantes (37,7 %). L’exposition à la lumière des racines stressées a amplifié le
drageonnage. Les drageons induits apparaissent généralement sur la racine stressée, du
côté proximal de l’arbre-mère, mais ils peuvent se former aussi du côté distal. Réalisés
en fin de saison pluvieuse, les essais de marcottage aérien de B. aegyptiaca
ont montré 95 % de marcottes enracinées alors que, à cette saison, les deux
autres espèces se sont révélées réfractaires après 5 mois d’observation. Conclusion
En dehors des facteurs génétiques, physiologiques et environnementaux qui peuvent
influencer la réussite du marcottage aérien ou du drageonnage, S. birrea
et D. mespiliformis semblent nettement mieux prédisposées dans
l’écosystème du secteur de Kéring à l’induction du drageonnage que B.
aegyptiaca, plus apte au marcottage aérien. Ces résultats ouvrent de nouvelles
voies à la multiplication de ces trois espèces surexploitées par les populations.