La concentration de l’environnement français en radionucléides artificiels et les techniques d’analyses ont considérablement évolué au cours des 50 dernières années. Au cours des années 60 et 70, la surveillance effectuée par l’Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) et par le service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI) permettait de connaître les niveaux des radionucléides artificiels les plus abondants et qui contribuaient de façon prépondérante aux doses reçues par la population française. Depuis les années 80, avec la fin des essais atmosphériques d’armes nucléaires et la baisse des activités de la plupart des radionucléides concernés, les radionucléides devenus prépondérants en activité et en doses sont : 3H, 14C, 85Kr et 133Xe. Or ces quatre radionucléides ne font aujourd’hui l’objet que d’un nombre très restreint d’analyses dans le cadre de la surveillance effectuée par l’IRSN. La mise en relation des niveaux d’activité des radionucléides constituants le « bruit de fond » de la radioactivité artificielle environnementale, des activités potentiellement ajoutées du fait des rejets des installations nucléaires, des doses correspondantes, ainsi que des limites de détection obtenues au moyens des meilleures techniques disponibles, fournit des éléments de réflexion sur les enjeux de la surveillance radiologique de l’environnement et sur les possibilités d’atteindre les objectifs correspondants. À l’exception de 14C et 3H, les activités les plus basses présentes dans l’environnement se trouvent d’ores et déjà au niveau ou en-deçà des limites de détection des techniques de mesure. 3H et 14C sont donc les seuls radionucléides toujours mesurables dans l’environnement et pour lesquels une influence des rejets atmosphériques des installations nucléaires est potentiellement décelable dans tous les milieux.