Le concept d’alimentation émotionnelle (emotional eating) peut se définir comme le fait de moduler la consommation alimentaire en réponse à un ressenti émotionnel plutôt qu’à celui de la faim ou de la satiété . Il postule l’existence d’une association étroite entre la régulation homéostasique de la prise alimentaire et de l’humeur, que l’affectivité ferait partie des traits psychologiques qui augmentent ou diminuent la consommation alimentaire et le contrôle du poids. Les mécanismes mis en cause sont les mêmes que ceux incriminés dans les abus de substances ou certaines addictions comportementales : la nourriture serait utilisée pour « s’automédiquer » d’un ressenti déplaisant. Actuellement, un recours à la prise alimentaire pour se réconforter d’un éprouvé négatif est de plus en plus mis en cause dans la surconsommation (overeating) et l’obésité , ainsi que dans les différents sous-types de troubles du comportement alimentaire . Si ces études suggèrent bien qu’adopter un comportement alimentaire « de réconfort » peut avoir des effets délétères pour la santé, on ne sait pas encore dans quelles mesures certaines ou toutes les émotions sont associées à des modifications importantes de la prise alimentaire, quel(s) rôle(s) de médiation peuvent avoir différentes stratégies de régulation émotionnelle ou comportementale. Pourtant, le recours à l’alimentation émotionnelle, au même titre que l’abus de substances, serait en augmentation ces 20 dernières années , et des associations entre un comportement alimentaire « de réconfort » avec des indicateurs de mal être ou de mauvaise santé mentale (ex. stress, burn-out, dépression), en plus de problèmes de poids, commencent à être rapportées. Mieux identifier si toutes ou certaines émotions favorisent l’émergence de l’alimentation émotionnelle, et quelles sont les personnes les plus vulnérables, permettrait de développer des stratégies thérapeutiques plus ciblées et donc potentiellement plus efficaces.