La dépression mixte correspond à un état dépressif où coexistent des éléments d’excitation de la lignée hypomaniaque. Si le tableau a déjà été décrit par les auteurs classiques, il a été remis à jour depuis les années 1990 et notamment par Koukopoulos. Cependant, jusqu’alors, les classifications internationales ignoraient totalement ce tableau puisque les critères du DSM-IV pour un état mixte étaient particulièrement étroits, requérant la présence d’un plein syndrome maniaque associé à un plein syndrome dépressif. La conséquence est une carence d’études sur la question et des incertitudes sur les principes de prise en charge. Le DSM 5 a annoncé et mis en œuvre un changement dans l’approche des états mixtes, et permettant notamment un diagnostic de dépression mixte : à un diagnostic d’épisode dépressif peut être associé un « spécificateur de caractéristiques mixtes ». Il requiert la présence de trois symptômes maniaques en plus de critères pour un épisode dépressif majeur. Mais sont exclus de la liste des symptômes maniaques l’agitation, l’irritabilité et la distractibilité : ils sont considérés pouvant être à part entière des symptômes de dépression. Nous passons en revue les arguments issus de la littérature suggérant que cette définition des dépressions mixtes est encore probablement trop restrictive, inadaptée par rapport à la réalité clinique, et présentant un certain nombre de contradictions. Ainsi, nous argumentons que ces nouveaux critères n’apportent pas plus de clarté dans le diagnostic de dépression mixte, et ne permettent pas d’améliorer ce diagnostic souvent méconnu. Cela pourrait avoir des incidences sur l’avancée des connaissances sur la caractérisation clinique, la thérapeutique et le pronostic des dépressions mixtes.