Les biographies de Philippe II se succèdent sans grand bénéfice pour nos études. Un besoin d'amour aveugle les anime, de réhabilitation à tout prix, de surestimation, de méditation sans limite… Car, à propos du Roi Prudent, si souvent perdu de vue, c'est l'esprit religieux en soi qui est mise en cause, ou la catholicité, ou plus encore l'Espagne, que l'on veut saisir dans son originalité irréductible, dans son essence, dans sa, dans ses grandeurs..
Hier, c'était à qui stigmatiserait le Démon du Midi, celui qu'Auguste Comte appelait, sans remords, un « rétrogradeur de l'humanité ». Hier, c'est-à-dire avant la parution, en 1912, dans sa version française, du petii livre combatif du Danois Bratli, qui a vraiment porté un coup décisif à la légende noire de Philippe II, — à cette legenda nigra contre laquelle les historiens de la Péninsule, eux surtout, s'étaient déjà si vivement inscrits en faux.