Le problème que voudrait poser ce texte peut ainsi s'énoncer : quels sont les effets sur une population intellectuelle donnée — et sur la société où elle s'insère — de l'instauration d'un état de déséquilibre entre le nombre des positions sociales ouvertes aux gradués universitaires et le nombre (supérieur) de ces derniers. Il s'agit donc de traiter historiquement, et du point de vue d'une histoire des positions intellectuelles, un problème qui est au cœur des débats contemporains sur l'université, à savoir les effets multiples de la dévaluation des titres scolaires sur le marché des postes de travail. Une telle question a été introduite dans la problématique historique à partir du cas anglais. Dans un article classique, M. Curtis avançait, en effet, la thèse selon laquelle les universités anglaises avaient constitué un élément fondamental de déséquilibre social entre 1600 et 1640 parce qu'elles avaient formé un nombre de gradués très supérieur au nombre des positions laïques ou ecclésiastiques auxquelles ils pouvaient prétendre et prétendaient.