Le XVIe siècle sicilien est généralement placé sous l'étiquette « Sicile espagnole », et, plus grave encore, confondu dans une prétendue unité historique avec l'Italie méridionale : comme si l'union personnelle sous Ferdinand le Catholique avait annulé d'un coup des différences séculaires.
Sans aucun doute la Sicile a connu des événements et des manifestations spirituelles qui peuvent se replacer dans le cadre général de la domination étrangère, ou dans celui, plus vaste encore, de la Renaissance. Mais on n'a jamais sérieusement cherché si la Sicile conservait encore au début du XVIe siècle son individualité, et si les groupes sociaux les plus en vue — feudataires et patriciats urbains — avaient des aspirations propres que le déclin de la culture juridique spécifiquement sicilienne n'avait pas encore nivelées.