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La peste à Smyrne au XVIIIe siècle*

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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A partir du XVIIIe siècle, l'Europe est en fait débarrassée de la peste et l'Afrique du Nord elle-même est plus rarement atteinte. Si le bassin occidental de la Méditerranée est ainsi à peu près à l'abri, cette maladie continue de régner de façon endémique dans le bassin oriental. C'est là que se situe l'origine des épidémies, limitées mais violentes, de Marseille en 1720 et de Messine en 1743. La peste européenne est au départ la peste du Levant.

Type
Les Domaines de L'Histoire
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1973

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Footnotes

*

Abréviations utilisées : A.C.C.M. : Archives de la Chambre de Commerce de Marseille ; A.D. B.D.R. : Archives départementales des Bouches-du-Rhône ; A.N. A.E. : Archives nationales. Affaires, étrangères.

References

1. Cf. le tableau synoptique pp. 1092-1093 où figurent conjointement épidémies et calamités. Des divers incendies mentionnés, le plus grave est celui de 1763 qui ravagea également la campagne, détruisant cent mille oliviers et la récolte de blé non engrangée. Les tremblements de terre firent de sérieux dégâts, mais le nombre de décès fut peu élevé comparé notamment à celui de 1688 qui fit 30 000 victimes. Quant aux troubles, le plus dramatique fut celui de 1770 consécutif à l'annonce du désastre de Tchechmé : des pogroms contre les chrétiens firent 2 morts chez les Francs et 350 parmi les Grecs.

2. A.C.C.M., J 498 : Consul de Patras ; 21 avril 1730 : « fièvres de rhumes ». A.D. B.D.R., 200 E, 33 h : Consul de Seyde, 23 octobre 1728 : « fièvres ordinaires… causées par les mauvais aliments ». A.D. B.D.R., 200 E, 33 d ; Consul de Chypre, 11 octobre 1768 : «fièvres continues rémittentes qui dans les commencements dégénèrent en putrides… On attribue la cause aux pluies excessives qui ont régné sur l'isle tout l'hiver ».

3. A partir de la fin de 1720, le capitaine est tenu de prêter serment : au lendemain de la peste on ne prend jamais trop de précautions !

4. Pour de plus amples détails, nous renvoyons le lecteur à : Masson, P., Histoire du commerce français dans le Levant au XVIII’ siècle, Paris, 1911 Google Scholar ; Paris, R., Histoire du commerce de Marseille, t. V : Le Levant, I66O-IJ8Ç, Paris, 1957 Google Scholar Estève, A., Ports quarantenaires et lazarets de Marseille, Paris, 1905 Google Scholar ; Ch. Carrière, M. CourduriÉ et Rebuffat, F., Marseille, ville morte. La peste de 1720, Marseille, 1968 Google Scholar.

5. Arrêt du Parlement de Provence du 10 janvier 1622 : « La Cour… ordonne que tous patrons et mariniers conduisants vaisseaux ou barques venant des parties du Levant ou Barbarie et Midy, prendront port et feront descentes es villes et ports de Marseille et Thollon respectivement où ils feront voir leurs patentes de santé et après icelles avoir été vues et visées, auront entrées par toutes les villes et lieux de cette province. » Extrait de A. Estève, op. cit.

6. Il en a survécu quelques-unes, sur les dizaines de mille établies durant ce siècle, au Service de Contrôle Sanitaire aux frontières maritimes et aériennes à Marseille, héritier direct du Bureau de Santé du xvme siècle.

7. Il est frappant de constater la négligence avec laquelle étaient tenus les registres des dépositions dans les années qui précèdent immédiatement la grande peste de 1720… et leur netteté après celle-ci ! Ajoutons que de janvier 1718 à octobre 1720, la nature des patentes ne figure plus dans ces registres.’’

8. A.D. B.D.R., 200 E, 2 a, « Du 2 Septembre 1726 : M. Lombardon, intendant semainier a pris la déposition de Jacques Mathieu Légier, patron du pink Sainte Anne qui dit avec serment être party de La Canée, le 26 juillet avec un chargement d'huile. Il a patente touchée à cause de la contagion de la Morée, Scio et Smyrne et du grand abord à La Canée des bastimens venant desdits lieux. »

9. A.C.C.M., J 1268 : Consul de Salonique, 17 août 1720 : « Ayant plus de quarante jours que personne n'en a esté attaqué de la peste et n'en est mort, j ‘ ay commencé a donner les patentes nettes comme auparavant. »

10. A.C.C.M., J 320 ; lettre du 18 mai 170g.

11. A.D. B.D.R., 200 E, 33 c ; lettre du 22 octobre 1732 au Bureau de Santé : enquête menée sur ordre de leurs consuls par les drogmans français, anglais, vénitiens et hollandais, accompagnés de médecins et qui conclut à un décès par pleurésie.

12. A.D. B.D.R., 200 E, 33 c ; Consul au Bureau de Santé ; 23 juin 1736.

13. Elles forment cinq groupes d'importance inégale : 25 lettres du consul de Smyrne au Bureau de la Santé de Marseille. L'abondance des patentes explique ce nombre restreint : 86 lettres du consul de Smyrne à la Chambre de Commerce de Marseille; 58 lettres du consul de Smyrne au ministre de la Marine à Versailles. Elles font assez souvent doublets avec celles adressées à la Chambre de Commerce de Marseille ; 31 lettres de députés de la nation française à Smyrne destinées à la chambre de commerce de Marseille. Elles se préoccupent beaucoup des conséquences économiques de la peste ; 62 lettres envoyées de Smyrne à partir de 1735 par les correspondants locaux de la maison Roux. 14. Cela dépend aussi pour une large part du consul lui-même : ainsi, pour Salonique, nous savons le nombre de morts de peste au début du xvme siècle grâce au consul de Boimont ; ses successeurs se désintéressent de cet aspect numérique de l'épidémie.

15. Alors que les registres existent depuis 1709.

16. Il y a là un bel exemple de continuité administrative, justifiée certes par la gravité des responsabilités engagées : l'intendant de la santé s'appelle désormais le citoyen conservateur de la santé ; pour le reste, et notamment les règlements, rien n'est changé.

17. Cf. l'article de Ch. CarriÈRE, « Les entrées des navires dans le port de Marseille pendant la Révolution », Provence Historique, avril-juin 1957, pp. 200-219.

18. A.C.C.M. J 320. Consul à la Chambre de Commerce, 15 juin 1726 : « La maladie se fait ressentir depuis quelques jours assez faiblement à la vérité pour que les suittes n'en soient pas à craindre. »

19. A.C.C.M., J 329 : Consul à la Chambre de Commerce, 5 janvier 1754 : « La peste s'est manifestée icy dans une contrée où il est mort trois ou quatre personnes, il y a près de deux mois sans avoir d'ailleurs aucune suite. »

20. Milady Wortley Montague, femme de l'ambassadeur d'Angleterre à Constantinople et témoin oculaire, écrit d'Andrinople en 1717 : « Toutes ces histoires terribles qu'on vous fait de la peste sont fort exagérées… Le fait est que beaucoup de gens en réchappent… Elle est d'ordinaire si bénigne en ce pays que les habitants ne s'en soucient que médiocrement. » Lettres de Milady W. M…, Rotterdam, 1764, t. 1, pp. 212-213.

21. A.C.C.M., J 334 : Consul à la Chambre de Commerce, 18 juin 1765 : « La peste continue toujours avec force… On compte parmi les différentes nations de cette échelle au moins 300 accidents par jour, dont la plus grande partie périt. »

22. A.C.C.M., J 339 : Consul à la Chambre de Commerce, 8 juin 1784 : « La peste continue ses ravages… On ne se rappelle pas de l'avoir vue aussi forte. Il meurt de 3 à 4 personnes par jour et quelques fois au-delà. »

23. A.C.C.M., J. 323 : Consul au ministre, 20 avril 1741 : « La peste qui depuis deux ans n'a point cessé à Smyrne non plus que dans presque toute la Natolie… »

24. A.C.C.M., J 358.

25. A.C.C.M., J 358 : Allusion aux troubles causés par les janissaires.

26. A.C.C.M., J 358.

27. A.C.C.M., J 358.

28. A.C.C.M., J 358.

29. A.C.C.M., J. 360 : Lettres des députés de la nation, 18 août 1736 : « Nous avons chanté le 10 de ce mois le Te Deum en action de grâces de ce que nous sommes entièrement libres de la peste. »

30. Chaque mois de l'année est défini par la nature de sa patente. En additionnant tous les mois de janvier ayant eu patente brute au cours du siècle, puis tous ceux de février, etc. on obtient la première courbe (en tirets). Les patentes sont délivrées « brutes » dès l'annonce de l'épidémie en ville, et 40 jours encore après le dernier cas signalé. En retranchant le dernier mois avec patente brute d'une série de plusieurs, mais en conservant les mois « bruts » isolés apparaît une courbe (trait plein) qui correspond en principe avec les mois véritablement pestiférés.

31. A.C.C.M., J 323 : Consul à la Chambre de Commerce, 2 janvier 1741 : « La peste qui a affligé cette ville cy tout l'été dernier n'a pas discontinué d'un seul jour et nous nous voyons actuellement menacés de la voir dans peu se rallumer avec plus de fureur que jamais. Hier pour étrennes il y a eu 5 accidents parmy les Grecs, 3 parmy les Juifs et 2 chez les Arméniens. Quant aux Turcs, on n'en sait pas précisemment le nombre. »

32. L. Valensi, dans « Calamités démographiques en Tunisie et en Méditerranée Orientale au xvme et xixe siècle » (Annales E.S.C., 1969/6, pp. 1540-1561), dresse, p. 551, un tableau qui appelle la même constatation.

33. En Europe au contraire, l'acmé des épidémies de peste se situe au cours de l'été, de juillet à septembre. Différence qui fait problème. Cf. B. Bennassar, Recherches sur les grandes épidémies dans le Nord de l'Espagne à la fin du XVIe siècle, Paris, 1969. Ch. Carrière, M. Courdurié, F. Rebuffat, Marseille, ville morte, op. cit. Woehlkens, E., Pest und Ruhr im XVI. und XVII. Jahrhundert, Hanovre, 1954 Google Scholar.

34. C'est la thèse que soutient Baehrel dans « Épidémie et terreur », Ann. Hist. de la Révolution Française, 1951, pp. 113-146.

35. A.N.P. A.E., Bi 1060 : Consul au Ministre, 18 juin 1771 : « Nous éprouvons toutes les calamités dont Dieu peut affliger dans sa colère une ville réprouvée : les trois fléaux de la guerre, de la famine et de la peste et outre cela les massacres et tous les effets de la discorde intestine. »

36. Colonna D'Istria, dans Étude êpidêmiologique de la peste de Marseille de 1720, Thèse de médecine dactylographiée, Marseille, 1968, dresse un tableau complet des bacilles, des familles de puces et des variétés de rongeurs concernés ainsi que leurs conditions d'existence et d'expansion.

37. A.C.C.M., L IX 752 : ceci a été bien noté par les contemporains. Ainsi Saint- Amand écrit à Roux le 30 juin 1735 à propos de la peste à Smyrne que c'est « au commencement du mois d'aoust auquel temps le Seigneur ordinairement nous délivre de ce fléau ».

38. Cette sensibilité à la chaleur se manifeste aussi chez les malades : ceux qui font de très fortes poussées de fièvre ont semble-t-il plus de chances de surmonter la maladie et de survivre (renseignement aimablement communiqué par le Dr Biraben).

39. En dehors de l'ouvrage plus général de E. L E Roy Ladurie, Histoire du climat depuis l'an mil, Paris, 1967, il existe quelques articles fort suggestifs dont la précision offre de grandes possibilités dans le domaine des épidémies. Ainsi J. Titow, « Histoire et climat dans l'évêché de Winchester (1350-1450) », Annales E.S.C., mars-avril 1970, PP. 312-350.

40. Colonna D'Istria, op. cit., p. 99 et p. 109 énumère les possibilités maximales de survie : des bacilles, dans le sol plusieurs semaines ; dans des cadavres congelés plusieurs mois ; dans les déjections de la puce jusqu'à un an. Des puces, même infectées, arrivent parfois à survivre au moins un an.

41. Cette hypothèse offrirait la possibilité d'expliquer certaines « séries » de peste. Par exemple en 1768 la patente est brute jusqu'en septembre (peste en août) et le redevient dès février 1769.

42. A.C.C.M., J 358.

43. A.C.C.M., J 323 : Lettre du consul à la Chambre de Commerce, 6 juillet 1748.

44. A.C.C.M., J. 343 : Consul à la Chambre de Commerce, 19 mai 1791

45. A.C.C.M., J 343 : Consul à la Chambre de Commerce, 11 juin 1791.

46. A.C.C.M., J 329 : Consul à la Chambre de Commerce, 5 janvier 1754 : « On a sceu que la contagion venoit de Constantinople par un bateau chargé de farine ou un jeune garçon boulanger logé avoit été s'empester, la contagion a enlevé la plupart des personnes logées dans ce caravansera dans les jardins même ou elles étoient retirées, mais nous ne voyons pas que personne autre ait été attaqué. »

47. A noter que ces pestes d'origine maritime sont bénignes, comparées à bon nombre d'autres dont nous ignorons la provenance.

48. La comparaison avec la peste dans les îles est éloquente à cet égard : Chypriotes ou Cretois ne prennent pas plus de précautions que les Smyrniotes ; or, la peste, venant obligatoirement par mer, est beaucoup plus rare à Chypre ou en Crète.

49. X. DE Planhol, Les fondements géographiques de l'histoire de l'Islam, Paris, 1968.

50. Celles-ci ont été regroupées pour la plupart dans « Étude de l'épidémiologie de la peste dans le Kurdistan iranien », Bulletin de la Société de pathologie exotique, 1963, n° 6, pp. 1099 à 1260.

51. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire de multiplier les contacts si le terrain est favorable. « La virulence de Pasteurella pestis (nom antérieur de Yersinia pestis) est élevée. Barber dans une expérience classique a montré que 6 cobayes sur 9 et 2 singes sur 12 qui avaient été inoculés avec un unique bacille succombaient à l'infection. » Colonna D'Istria, op. cit., p. 100.

52. Bugnon, , Les caravanes ou cortèges des marchands d'Asie, Nancy, 1707, p. 58 Google Scholar.

53. Les caravanes peuvent propager la peste de plusieurs façons : des hommes atteints en contaminent d'autres ; il existe une peste du chameau transmissible à l'homme ; enfin les ectoparasites porteurs de bacilles sont transportés dans les vêtements des êtres humains, le pelage des animaux et dans certaines marchandises notamment les matières premières textiles dont on se méfiait à l'époque et que l'on appelait « matières susceptibles ».

54. A.D. B.D.R., 200 E, 33 c : 24 juin 1733 : Consul au Bureau de Santé.

55. A.C.C.M., J 329 : Consul à la Chambre de Commerce.

56. A.C.C.M., J 329 : Consul à la Chambre de Commerce.

57. Les six voyages de J.-B. Tavernier, Rouen, 1713, t. I, p. 105.

58. de Tournefort, Pitton, Relation d'un voyage du Levant, Lyon, 1717, t. I, p. 372 Google Scholar.

59. A.D. B.D.R., 200 E, 33 d : Lettre du consul, 21 juin 1726 : « La contagion nous a surpris icy depuis deux jours, elle a été apportée des environs de Smyrne, cependant la saison étant avancée, nous avons lieu d'espérer qu'elle n'aura pas de suite, n'y ayant que deux maisons Turques et une Juive d'attaquées. »

60. A.C.C.M., J 326 : Lettre du 6 juillet 1748.

61. A.C.C.M., J 385 : Lettre des députés de la nation, 3 juin 1788 : « La peste sévit avec violence dans tous nos environs et à Smyrne, tous les quartiers de la ville sont infectés… la contagion a gagné les îles et on assure qu'elle s'est étendue jusques à Salonique. »

62. A.D. B.D.R., 200 E, 1 d : Registre de déposition du 28 septembre 1726.

63. A.C.C.M., J 334 : Lettres des 20 mai et 24 juin 1765.

64. A.C.C.M., J 339 : Lettre du consul du 8 juin 1784.

65. A.D. B.D.R., 200 E, 33 d : Lettre du consul du 10 août 1752.

66. A.C.C.M., J 1364 : Lettre du consul du 26 janvier 1756.

67. A.D. B.D.R., 200 E, 33 a.

68. Y. Kolodny : « Données récentes sur la population urbaine de la Turquie ». Méditerranée, avril-juin 1968, pp. 165-180. Le même auteur, dans « La Crète : mutations et évolution d'une population insulaire grecque », Revue de géographie de Lyon, 1968, n° 3, pp. 227-290, présente bien les problèmes que pose l'évaluation de la population de l'empire à cette époque : jusqu'au milieu du XVIIe siècle, les dénombrements vénitiens sont suffisamment précis pour être utilisés ; après la conquête turque et jusqu'en 1881, seuls les voyageurs européens fournissent quelques données.

69. Lucas, P., Voyage dans la Turquie d'Asie, Paris, 1719 Google Scholar.

70. Sainte-Maure, Charles de, Nouveau voyage de Grèce, d'Egypte, de Palestine, fait en IJ21-IJ23, La Haye, 1724 Google Scholar.

71. Tollot, , Nouveau voyage fait au Levant es années 1731 et 1732, Paris, 1742 Google Scholar.

72. Pococke, R., Voyages… en Orient (effectués de 1734 à 1741), Paris, 1772 Google Scholar.

73. Ces voyageurs se pillent les uns les autres : Tavernier voyageant dans les premières années du règne de Louis Xiv estime à près de 90 000 habitants la population de Smyrne avec la répartition suivante : 60 000 Turcs, 15 000 Grecs, 8 000 Arméniens, 6 à 7 000 Juifs. Si on compare ces chiffres à ceux de Tollot, postérieurs de plus de soixante ans, il y a là une coïncidence plus que troublante vis-à-vis de Pococke qui est son contemporain.

74. Cela arrive parfois : ainsi de Boismont, consul à Salonique de 1712 à 1724, fournit des chiffres globaux à ce sujet, ainsi que de Kercy, en poste à Alger en 1787, ce qui permet de penser que ces chiffres étaient peut-être relevés par les autorités turques, mais les consuls de Smyrne n'y font aucune allusion.

75. J.-P. Peter, dans « Les mots et les objets de la maladie », Revue historique, juill.-sept. 1971, p. 18, constate la même chose à propos des « mémoires » des médecins adressés à la Société Royale de Médecine à la fin du xvme siècle en France.

76. Les voyageurs du début du xixe siècle lui assignent entre 100 et 120 000 habitants : ainsi Olivier, d'Ohsson.

77. On observe le même phénomène à Marseille en 1720, ville d'importance égale à Smyrne, qui a retrouvé très rapidement sa population pourtant rère, CourduriÉ, Rebuffat, Op. Cit.

78. A.N. A.E., B I 1066 : Lettre du consul au ministre, 15 mai 1784. A.C.C.M., J 339 : Ajoutons qu'une lettre du même datée du 22 juin nous apprend qu'il meurt 300 à 400 personnes par jour un mois plus tard !

79. Le Prophète a été le contemporain des dernières épidémies du haut Moyen Age au Proche-Orient, notamment celles de 588-591, 599-608, 618 et 628. Cf. Biraben et LE Goff. « La peste dans le haut Moyen Age », Annales E.S.C.n° 6/1969, pp. 1485-1510.

80. Traditions islamiques.Traduction Hondas. Chap. xxx et xxxi. Paris, éd. Leroux, 1914.

81. A.C.C.M., J 334 : Il est néanmoins probable qu'une partie des Turcs gagnés par l'exemple des non-musulmans prennent aussi la fuite comme le laisse entendre le consul le 20 mai 1785 : « la plus grande partie des habitants de Smyrne se soient sauvés aux villages voisins pour se soustraire au danger ».

82. A.C.C.M., J 326 : Lettre du consul, du 19 avril 1749 : « Ayant actuellement plus de dix malades dans un Kan rempli de plus de soixante familles de pauvres gens qui n'ont pas de quoy pourvoir à leur sûreté. »

83. A.N. A.E., B I 1066.

84. A.C.C.M., L IX 737 : Lettre de Garavaque et Cusson, 24 juillet 1760 : « Dans ce tems de peste personne ne reste en ville, pour ne pas avoir le désagrément d'être en prison chez soy, quoique bien des amis m'ayent offert une chambre chez eux par discrétion, je n'en ay pas proffité et je passe le tems misérable enfermé dans la maison. »

85. Très nombreux exemples : A.C.C.M., J 375 : Députés de la nation à la Chambre de Commerce, 10 juillet 1762 : « La peste qui fait depuis quelques tems de grands ravages dans cette ville nous tient tous renfermés dans nos maisons. » A.C.C.M., J 384 : Députés de la nation à la Chambre de Commerce, 19 avril 1784 : «La maladie contagieuse nous tient étroitement reclus. »

86. A.N. A.E., B I 1056 : Lettre du consul du 19 juin 1760.

87. A.C.C.M., J 360 : Députés de la nation, 18 août 1736 : « Nous sommes entièrement libres de la peste, le plus grand ravage qu'elle a fait a été parmy les Juifs qui est la nation la plus à craindre pour nous puisque toutes les affaires passent par leurs mains. »

88. A.C.C.M., L IX 739 : Garavaque à Roux, 31 août 1765 : «Ces gens-là ont le maniement de touttes les sommes que l'on compte et que l'on reçoit. »

89. A.C.C.M., J 326 : Lettre du consul, du 9 mai 1769 : « La peste est comme renfermée dans un caravansérail de Grecs ou il survient de tems en tems quelques accidents sans que la contagion se répande au dehors en sorte que le commerce est parfaitement libre. »

90. A.C.C.M., L IX 744 : Garavaque à Roux : « La pauvre Girondequi d'entrée de jeu dans son estivage [chargement] a eu le malheur d'avoir la peste dans son bord, et a perdu trois hommes de ce cruel fléau. »

91. A.C.C.M., J 333 : Lettre du consul du 9 juillet 1762 : « Il y a icy nombre d'artisans fort pauvres, des capitaines, matelots et autres gens de mer qui s'y trouvent débarqués des bat8 neutres où ils servoient, ou pour tout autre motif qui y errent dans l'espoir de trouver du travail ou qui ont de fortes raisons pour ne pas aller en France, ce nombre est prodigieux par le mélange des familles et des mariages de toute espèce. »

92. A.C.C.M., J 328 : Lettre du consul, 6 août 1753 : « Nous avons eu icy 18 personnes qui sont mortes dans la rue des Francs du mal contagieux et 7 qui en ont rechapés. »

93. A.C.C.M., J 323 : Lettre du consul du 20 mars 1741.

94. A.C.C.M., J 376 : Lettre du consul du 18 février 1763 qui «en dresse l'inventaire : 6 paires de bancs avec leurs planches à remplacer ; 6 couvertures de Salonique à remplacer étant hors de service ; 6 matelas à réparer ; 1 bois de chapelle avec son marchepied ; ) ,1 porte missel ; j t r e s v i e ux 1 drap mortuaire vieux ; 3 tables à manger ; 1 sceau cerclé de fer pour le puits ».

95. A.C.C.M., J 333 : Consul, du 9 juillet 1762 : « … nous n'avons pour les faire enterrer dans un tems de contagion que le petit espace de terrain qui sert de cimetière à l'hôpital et pour y faire secourir les misérables attaqués de peste que cette partie séparée de l'hôpital destinée aux gens de mer lorsqu'ils ont cette maladie… il faut entretenir un infirmier grec du païs qui ne craignant pas de s'exposer en les soignant dans cette maladie ou en les enterrant après leur mort, veut être payé de ses journées en quittant tout autre métier dont il vit. »

96. Il est frappant de constater que malgré les risques de peste, les maisons de commerce installées en Turquie n'ont jamais eu de difficultés à recruter régisseurs ou commis et périodiquement le consul est obligé de faire repasser en France des gens qui se sont installés plus ou moins clandestinement.

97. Au moins une dizaine de navires français nommément désignés sans compter les allusions aux bâtiments étrangers.

98. A.C.C.M., J 332 : Lettre du consul à la Ch. de Comm. de Marseille, 12 mai 1759. 99. A.N. A.E., B I 1065 : Lettre du consul au ministre, 21 mai 1781.

100. Salonique présente une composition urbaine similaire. Cf. Svoronos, N., Le commerce de Salonique au XVIIIe siècle, Paris, 1956 Google Scholar.

101. A.C.C.M., G 15 : Réponse de la Chambre à une question posée en 1741 par Maurepas : La Chambie de Commerce de Marseille ne peut que formuler un voeu pieu à cet égard : « Si les gens du pays pouvoient sentir combien il conviendroit qu'ils prissent eux mêmes de telles précautions contre la peste, s'ils vouloient établir chez eux les règles que l'on observe dans les pays de chrétienté, alors les officiers des consulats pourroient contribuer par leurs soins à perfectionner un pareil établissement. »

102. D'après ce que nous avons constaté plus haut, c'est surtout chez les non-musulmans qu'on peut le déceler, car nous ignorons, au fond, les réactions profondes des Turcs.

103. A.D. B.D.R., 200 E, 33 a.

104. A.N. A.E., B I 1046.

105. A.C.C.M., L IX 752. Il n'y a pas bien sûr que les fêtes musulmanes : A.C.C.M., J 338, Députés de la nation du 10 mars 1728 : « Elle [la peste], continue néanmoins et nous devons nous attendre à de fâcheuses suites aux fêtes de Pasques des Grecs. »