Appendix IV
Summary
On veut peut-être savoir aussi comment tous les détails de cette intéressante histoire sont parvenus à ma connoissance & à celle du public. Des affaires particulières m'ayant appellée a Berlin, je fus recommandée par M de Karc, gentilhomme Russe, au comte de Walstein, qu'il avoit connu à l’époque de son ambassade en Russe. Le comte me présenta à son épouse et à sa sœur. Cette aimable famille me combla de politesses, & me rendit le séjour de Berlin si agréable, que j'y passai près de deux années. Je vécus avec eux pendant tout ce tems-là, dans la société la plus intime, sans y éprouver jamais un seul instant d'ennui: la conversation du comte, toujours variée, toujours instructive, animée par sa douce philosophie, par l’énergie de son ame, la sensibilité si touchante & si vrai de Caroline, & ses talens enchanteurs qu'elle cultivoit avec soin, la gaîté, la vivacité, la complaisance du bon Lindorf, la charmante mutinerie de Matilde qui faisoit briller son esprit & ses grâces, sans nuire à la bonté de son cœur: toutes ces différentes manières d’être aimable, formoient les contrastes les plus piquans & les plus variés, sans altérer leur union; ils ne se quittoient point à Berlin, ils occupoient dans le même hôtel deux corps de logis différens, & l’été ils se réunissoient dans leurs terres; je fus avec eux à Walstein, à Risberg, à Rindaw.
Une soirée d'automme, nous étions rassemblés en famille, dans le charmant pavillon du jardin; je demandai l'explication des peintures: le comte me la donna. Caroline, attendrie au souvenir de son amie ne put retenir ses larmes; le comte s'approcha d'elle: il ne lui dit rien: mais il la serra dans ses bras avec l'expression du sentiment le plus tendre: Caroline essuya ses yeux, sourit à son époux, & lui dit, un instant après: “Que ne peut-elle voir comme sa Caroline est heureuse!” Dans un autre coin du pavillon, Lindorf & Mathilde folâtroient avec le fils aîné du comte, âgé de trois ans, & leur fille à-peu-près du même âge; on ne savoit lequel étoit le plus enfant & faisoit le plus de bruit; j’étois au milieu de ces deux groupes! je les considérois avec attention, surprise de voir les caractères de ces époux si parfaitement assortis.
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- Caroline of Lichtfieldby Isabelle de Montolieu, pp. 241 - 246Publisher: Pickering & ChattoFirst published in: 2014