Les spécificités des mélancolies délirantes en regard des autres types de dépression ont fait l’objet de nombreuses recherches dont les résultats apparaissent parfois contradictoires. Sur un plan épidémiologique, les mélancolies délirantes se distinguent peu des autres types de dépression quant au sex-ratio, à l’âge de début, au nombre d’épisodes antérieurs, à l’existence d’antécédents familiaux de troubles thymiques ou quant à la prédominance des formes unipolaires ou bipolaires. Du point de vue clinique, un certain nombre d’éléments paraissent caractériser le tableau des mélancolies délirantes (importance du ralentissement psychomoteur, culpabilité accrue, humeur dépressive et agitation plus intense). D’autres paramètres sont signalés par certains auteurs, mais non par tous, comme plus particuliers à cette entité. Sur un plan biologique, certains marqueurs de la mélancolie délirante ont été isolés (MHPG-HVA plus faible, dosage de β-décarboxylase, etc). Mais aucun de ces indices, en particulier la positivité du test à la dexaméthasone n’est réellement spécifique de cette pathologie. Le traitement des mélancolies délirantes apparaît en revanche bien établi et diffère de celui des autres formes de dépression; supériorité de l’association neuroleptiques-antidépresseurs tricycliques par rapport à la monothérapie antidépressive et surtout l’électro-convulsivo-thérapie qui est fréquemment indiquée d’emblée en raison de la gravité de l’état de ces patients. Il apparaît toutefois que certaines particularités cliniques, évolutives et thérapeutiques confèrent au cadre des mélancolies délirantes une homogénéité et une spécificité suffisantes pour le distinguer du groupe des autres dépressions. Ces caractéristiques, qui sont pour la plupart des variables continues, sont de nature à situer les mélancolies délirantes dans un gradient de sévérité accru en regard des autres dépressions, plutôt que dans une dichotomie. Ces divergences de résultats observés à propos d’autres paramètres pourraient résulter d’insuffisances méthodologiques mais également de l’hétérogénéité du groupe des mélancolies délirantes. Cette dernière hypothèse paraît ouvrir les voies de recherche les plus prometteuses.