Le DSM-5 (2013) a introduit des changements marqués, notamment concernant les abus de substance. Ces changements font l’objet de controverses qui restent vives. Ainsi les catégories individualisées dans le DSM-IV, abus de substance (dont la validité était contestée) et dépendance (au sens d’une altération du contrôle sur la consommation, conceptualisation qui a permis de justifier l’assimilation de l’addiction à un trouble psychiatrique au lieu de concevoir celle-ci comme une faiblesse morale ou un choix), ont été fusionnées en une seule pathologie, le trouble d’utilisation de substance (TUS), avec 11 symptômes possibles. Un nouveau critère, le désir impérieux ou fort besoin de consommer la substance (craving, l’une des expression phénoménolgique de la perte de contrôle), a été inclus dans cette liste. Or, la validité du nouveau TUS est loin d’être démontrée. En outre, la définition d’un continuum de sévérité (fonction du nombre de critères observés, avec un seuil à deux critères, et six critères ou plus correspondant à une forme sévère), est particulièrement contestée (notamment le seuil bas qui peut entraîner une inflation de la prévalence, car il devient beaucoup plus facile pour un sujet de satisfaire à deux critères seulement). Des données essentielles de la neurobiologie seraient ignorées. Par exemple aucune référence n’est faite au processus de sensibilisation, pourtant reconnu comme fondamental dans les phénomènes addictifs. Lors de cette présentation, basée sur une analyse de la littérature récente, les éléments actuels du débat et les pistes explorées (« DSM-5.1 ») seront discutés.