Le réseau capillaire cutané de la région sous-unguéale représente un
indicateur de grande sensibilité aux altérations provoquées par les
rayonnements ionisants. Les auteurs proposent d'améliorer la méthode
d'observation capillaroscopique pour assurer la surveillance des mains
du personnel exposé professionnellement à de faibles doses répétées
durant de nombreuses années au long d'une carrière. Les résultats obtenus
au cours de ce travail conduisent à proposer un protocole de contrôle
simple à mettre en oeuvre, peu coûteux et d'une totale innocuité, pour
la surveillance radiopathologique. L'exploitation des renseignements
fournis par l'observation percutanée utilise l'analyse numérisée sur 10
critères, pour augmenter la sensibilité de la technique (capillarométrie).
Une analyse plus performante devient en effet nécessaire pour répondre aux
nouvelles exigences en matière de radioprotection en application des
directives européennes dérivées de la publication 60 de la CIPR. Elle
est nécessaire pour analyser les retentissements tardifs des doses
cumulées au niveau des mains, cibles principales des irradiations
professionnelles (services de médecine nucléaire, de curiethérapie,
les laboratoires biomédicaux, et plus encore les équipes d'imagerie
interventionnelle). L'exploitation des profils multiparamétriques permet
d'éliminer les artéfacts liés à l'âge ou aux diverses pathologies classiques
à retentissement microvasculaire, et de dégager les caractères les plus
significatifs. L'application de la méthode à 19 sujets exposés
professionnellement à de faibles doses en milieu hospitalier a révélé
qu'après de longues années d'activité, et en dehors de tout accident de
surexposition, les mains présentaient pour 10 sur 19 d'entre eux des
anomalies microvasculaires évoquant des conséquences de l'exposition aux
radiations ionisantes, et même pour 4 d'entre eux (20 % de l'échantillon
étudié) des caractères évidents de
pathologie radique chronique.