Si l'année 1959 a été marquée par la reprise de l'activité économique dans les pays européens, cette reprise a été en Belgique plus lente et moins accentuée.
L'économie belge, qui avait été une des premières touchées par la récession, aura été une des dernières à se relever, car elle souffre d'une crise de structure et d'adaptation dans certains secteurs, principalement celui de l'industrie charbonnière et, de ce fait, présente une sensibilité conjoncturelle aiguë. Les faiblesses que l'économie belge porte en soi ont été, après la dernière guerre, masquées, d'abord par la conjoncture favorable de reconstruction, puis par celle de réarmement, d'autant plus que les secteurs faibles vivaient à l'abri d'un protectionnisme de longue date; dénoncées par l'ouverture progressive de nos frontières à la concurrence internationale, ces faiblesses ont été mises à nu par la dernière récession, pourtant peu grave en soi. Leur persistance ne pouvait que placer notre économie, saine dans la plupart des secteurs, en mauvaise posture au sein du Marché commun, freiner son expansion et obérer les finances publiques. C'est pourquoi il était urgent qu'une politique d'assainissement soit mise en œuvre pour les éliminer; cette action de salut public, amorcée durant les derniers mois, implique toutefois des sacrifices momentanés et ceux-ci risquent de provoquer des perturbations sociales, si tous les responsables de notre économie ne soutiennent pas cette politique. Une prise de conscience nationale s'impose à cet égard.