Hostname: page-component-78c5997874-ndw9j Total loading time: 0 Render date: 2024-11-08T13:26:51.873Z Has data issue: false hasContentIssue false

Hermann von Soden, Alfred Schmidtke et les manuscrits de Bérat

Published online by Cambridge University Press:  24 September 2020

Christophe Guignard*
Affiliation:
Université de Strasbourg, Faculté de théologie catholique – UR 4377, Palais universitaire, 9 place de l'Université, BP 90020, FR-67084 Strasbourg Cedex, France. Email: [email protected]

Abstract

Much light has been shed on the history of the manuscripts of Berat (now kept in Tirana) by Didier Lafleur in his recent catalogue of the NT manuscripts of Albania. However, an aspect of the story was left in the shadow: what is the source of von Soden's information about these manuscripts? The sparse data furnished by von Soden himself and an unpublished report by Harnack show that the German scholar made use of information collected in Albania by one of his collaborators, Alfred Schmidtke. Furthermore, the value of this information for the history of the Berat manuscripts is confirmed by the fact that it is somehow linked to a process of inventory done in September 1901 by a priest of the city.

French abstract:

French abstract:

L'histoire des manuscrits de Bérat (dont les célèbres codices purpurei), aujourd'hui conservés à Tirana, a été remarquablement éclairée par Didier Lafleur dans un récent catalogue des manuscrits néotestamentaires d'Albanie. Un chapitre de cette histoire mérite toutefois un éclairage supplémentaire: d'où viennent les informations dont von Soden disposait à propos des manuscrits de Bérat sont-elles uniquement de seconde main ? En se fondant sur les maigres indications fournies par von Soden lui-même et sur un rapport inédit rédigé par Adolf Harnack, le présent article établit qu'il a bénéficié des informations recueillies sur place par un de ses collaborateurs, Alfred Schmidtke, et confirme valeur de ces informations pour l'histoire des fonds en montrant qu'elles peuvent être liées à un travail de classement accompli en septembre 1901 par un prêtre de Bérat.

Type
Articles
Copyright
Copyright © The Author(s), 2020. Published by Cambridge University Press

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

Footnotes

Nous remercions chaleureusement Didier Lafleur et Luc Brogly, qui ont eu l'amabilité de nous transmettre leurs remarques sur une première version de cette note, et Louis Schlaeffli, bibliothécaire au Grand Séminaire de Strasbourg, dont l'aide s'est avérée des plus précieuses pour le déchiffrement du rapport d'Adolf Harnack cité dans ces pages.

References

1 Lafleur, D., Greek New Testament Manuscripts from Albania (avec la collab. de L. Brogly; New Testament Tools and Studies 57; Leiden: Brill, 2018)Google Scholar.

2 Fonds « Kodikët e Shqipërisë 488 ». Nous nous réfèrerons aux manuscrits de ce fonds par le sigle ANA (pour Archives nationales d'Albanie) suivi de la cote.

3 Nous nous permettons de renvoyer à la recension que nous avons consacrée à cet ouvrage dans la Revue des sciences religieuses 93 (2019) 309–311.

4 Voir Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 9–18, 43–52 et 66.

5 Voir Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 21–43.

6 Voir Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 55–61.

7 Soden, H. von, Die Schriften des Neuen Testaments in ihrer ältesten erreichbaren Textgestalt (2 parties en 4 vol.; Göttingen: Vandenhoeck und Ruprecht, 1911 2–13)Google Scholar. Le premier volume, qui va nous intéresser ici, est initialement paru en 1902 chez Duncker à Berlin; c'est à cette édition que nous renvoyons.

8 Voir Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 52–3.

9 Alfred Schmidtke a publié trois ouvrages: une édition du minuscule Paris, BnF, Grec 97 (GA 579) intitulée Die Evangelien eines alten Unzialcodex (Bℵ-Text) nach einer Abschrift des dreizehnten Jahrhunderts (Leipzig: J. C. Hinrich, 1903); Das Klosterland des Athos (Leipzig: J. C. Hinrich, 1903); Neue Fragmente und Untersuchungen zu den judenchristlichen Evangelien: Ein Beitrag zur Literatur und Geschichte der Judenchristen (Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur 37/1; Leipzig: J. C. Hinrich, 1911).

Nos recherches ne nous ont pas permis d'en apprendre long sur sa vie. Nous n'avons trouvé aucune notice biographique, en dehors d'un article de la version anglaise de Wikipedia (https://en.wikipedia.org/wiki/Alfred_Schmidtke, consulté le 23 sept. 2019); mais cet article atteste surtout le manque d’éléments dont on dispose. Les avant-propos de ses ouvrages ne contiennent guère de renseignements personnels. Celui de Das Klosterland des Athos nous apprend que Schmidtke a fait un séjour de sept mois au Mont Athos, qui lui a inspiré cet ouvrage. Ce séjour, sans doute distinct des voyages en Albanie et en Macédoine que nous mentionnerons plus loin dans ces pages est à situer au plus tard en 1902, puisque l'avant-propos du livre se présente comme rédigé à Berlin en avril 1903 (p. 4). La même ville réapparaît dans l'avant-propos à sa monographie sur les évangiles judéo-chrétiens, daté de juillet 1911. Il pourrait donc avoir vécu à Berlin de 1902 ou 1903 à 1911, au moins. Par ailleurs, dans l'avant-propos au premier volume de son édition du Nouveau Testament, von Soden nous apprend qu'outre les Balkans, Schmidtke s'est rendu pour lui à Paris, en Espagne, en Italie et en Angleterre (Die Schriften des Neuen Testaments, i.VI), voyages qui ont eu lieu au plus tard en 1902. À cette date, il n’était pas encore licencié, car, contrairement à d'autres collaborateurs, von Soden (ibid.) ne le présente pas comme tel, même s'il souligne tout spécialement son apport (p. VII). Il ne semble pas avoir soutenu de thèse (aucune de ses publications n'est présentée comme telle), bien que K. Lake le désigne comme le « Dr. Schmidtke » dans sa recension de Die Evangelien eines alten Unzialcodex (« The ‘Ammonian’ Harmony and the Text of B », JTS 7 (1906) 292–5). Nous ne sommes pas parvenu à découvrir ses dates de naissance et de mort. On peut toutefois supposer qu'il avait une vingtaine d'années, lorsqu'il voyagea pour von Soden, ce qui situerait sa naissance dans les années 1870 (conjecture qui rejoint l'estimation non étayée que l'on trouve sur la page du Wikipedia anglophone consacré à « Schmidtke » comme nom de famille (https://en.wikipedia.org/wiki/Schmidtke, section « People », consulté le 24 sept. 2019)). Quant à sa mort, l'article biographique déjà cité de Wikipedia observe: « There is no further record of him after the outbreak of World War I. » C'est apparemment exact (et, de fait, il semble qu'on perde sa trace après sa dernière publication, en 1911); cela pourrait signifier qu'il a été tué au combat, mais il ne faudrait pas complètement exclure la possibilité qu'il ait abandonné la recherche néotestamentaire au profit d'une autre carrière (pastorale ? ce serait du moins l'hypothèse la plus vraisemblable s'agissant d'un théologien protestant, mais nous n'avons trouvé aucune attestation de l'exercice d'un ministère ecclésiastique). Il évoque en tout cas, dans l'avant-propos à ses Neue Fragmente und Untersuchungen zu den judenchristlichen Evangelien, les sacrifices que lui a demandés leur « ungeahnt langwierige Vollendung » (p. IV), ce qui pourrait témoigner d'une difficulté à poursuivre son travail de recherche parallèlement à d'autres tâches.

10 Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 51–2.

11 Von Soden, Die Schriften des Neuen Testaments, i.74.

12 Batiffol, P., «Les manuscrits grecs de Bérat d'Albanie et le Codex purpureus Φ», Archives des missions scientifiques et littéraires. Choix de rapports et instructions 13 (1887) 437–556Google Scholar.

13 « Doch sind [Batiffols] Angaben unvollständig » (von Soden, Die Schriften des Neuen Testaments, i.74).

14 A. Alexoudis, « Περιγραφὴ ἀρχαίου κώδηκος ἀποκειμένου ἐν τῇ Αὐλῶνι τῆς ἐπαρχίας Βελεγράδων ἱερᾷ μονῇ τῆς Παναγίας τοῦ Σβερνέτζ », Ἐκκλησιαστικὴ Ἀλήθεια 22/46 (15 nov. 1902) 492–4.

15 Von Soden, Die Schriften des Neuen Testaments, i.VIII.

16 Le fait que les « Ergänzungen und Verbesserungen » aient été placées au début du volume (p. IX–XVI), à la suite du « Vorwort » (p. V–VIII), plutôt qu’à la fin, constitue d'ailleurs un indice supplémentaire. Ce placement donne en effet à penser que le corps du volume était déjà entièrement composé quand cette section a été livrée – en même temps que l'avant-propos ou peu après –, hypothèse qu'un examen des deux exemplaires de l’édition de 1902 que possède la bibliothèque des facultés de théologie de l'université de Strasbourg me paraît confirmer: les pages dotées d'une numérotation romaine forment un cahier dont la dernière page a été coupée de manière à ne laisser qu'un talon, qui est collé à la première page du corps du livre. Il est donc vraisemblable qu’à fin octobre l'imprimeur n'attendait plus que la préface et ces addenda et corrigenda. Si tel est bien le cas, la description des manuscrits de Bérat, dont ANA 5, est certainement antérieure à la publication de la description de ce manuscrit par Alexoudis.

17 Von Soden, Die Schriften des Neuen Testaments, i.169; Alexoudis, « Περιγραφὴ ἀρχαίου κώδηκος », 492–4; Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 231.

18 A. Alexoudis, « Κατάλογος τῶν ἐν ταῖς ἱεραῖς ἐκκλησίαις τῆς συνοικίας Κάστρου, πόλεως Βερατίου τῆς Μητροπόλεως Βελεγράδων εὑρισκομένων ἀρχαίων χειρογράφων », Δελτίον τῆς Ἱστορικῆς καὶ Ἐθνολογικῆς Ἑταιρείας τῆς Ἑλλάδος 5 (1900) 366 (n° 36); idem, « Κώδικες ἐπαρχίας Βελεγράδων », Ἐκκλησιαστικὴ Ἀλήθεια 20/48 (1er déc. 1900) 526 (n° 20).

19 Von Soden, Die Schriften des Neuen Testaments, i.136; Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 325.

20 Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 324.

21 Von Soden, Die Schriften des Neuen Testaments, i.505–6.

22 Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 327.

23 Un autre cas incertain est celui d'un paratexte cité par von Soden, Die Schriften des Neuen Testaments, i.363 (texte 163). Le paratexte en question (une liste d'apôtres également transmise par le Vaticanus gr. 2165, f. 288v–289r) ne se retrouve pas dans l’état actuel d'ANA 19 (voir la description de Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 325–6). Peut-être von Soden a-t-il simplement confondu le sigle de ce manuscrit avec celui d'un autre. Cependant, dans la mesure où ANA 19 a perdu un nombre non négligeable de folios, au début et à la fin (J. Koder et E. Trapp, « Katalog der griechischen Handschriften im Staatsarchiv zu Tirana », Jahrbuch der österreichischen byzantinischen Gesellschaft 17 (1968) 197–214, ici 211–12, ont encore vu trois folios de garde alors détachés du manuscrit et aujourd'hui perdus (n° 22 et 23, de leur catalogue)), il n'est pas exclu que la liste se soit trouvée à la fin du manuscrit (dans ce cas, plus probablement sur d'autres feuillets de garde, car l'inscription portée en 1901 sur le f. 195v (voir plus bas) semble attester que ce folio était déjà à cette époque le dernier du corps du manuscrit).

24 Von Soden, Die Schriften des Neuen Testaments, i.VI.

25 Sur ce manuscrit (aujourd'hui ANA 1), voir désormais Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 73–149.

26 Berlin, Archiv der Berlin-Brandenburgischen Akademie der Wissenschaften, KVK Nr. 1, f. 69av.

27 Von Soden, Die Schriften des Neuen Testaments, i.79 cite pour ce monastère 18 manuscrits sur parchemin, dont l'un (iii 6) reçoit deux numéros, et trois sur papier. En excluant ces derniers et en comptant le manuscrit iii 6 comme deux volumes différents, on obtiendrait le total de 19.

28 Rebenich, Voir S., Theodor Mommsen und Adolf Harnack: Wissenschaft und Politik im Berlin des ausgehenden 19. Jahrhunderts (Berlin: de Gruyter, 1997) 188–9CrossRefGoogle Scholar.

29 Ce voyage est sans doute distinct du long séjour de Schmidtke au Mont Athos (voir n. 9), car, dans le cas contraire, Harnack aurait difficilement pu se contenter d’évoquer façon générique la Macédoine sans mentionner précisément l'Athos.

30 Peut-être des recherches, que nous n'avons pas pu mener, dans les archives de la Kirchenväterkommission ou dans d'autres fonds permettraient-elles de préciser la chronologie des différents voyages et séjours de Schmidtke dans les Balkans.

31 Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 548–9.

32 Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania fournit des reproductions de deux de ces notes: ANA 12 (p. 602, pl. 9), ANA 29 (p. 607, pl. 14).

33 Dans le cas d'ANA 26, l'inscription est incomplète: « [illegible]έχει | [illegible]84 » (Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 549); mais le fait que le manuscrit comporte 184 folios (ibid., p. 342), chiffre aussi indiqué par von Soden (Die Schriften des Neuen Testaments, i.136), prouve qu'il s'agit bien du nombre de folios.

34 Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 65.

35 Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 549.

36 La pl. 9 de Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania (602) en montre un exemple (ANA 12, f. 1r).

37 Parmi les manuscrits que von Soden rattache à la Dormition, ANA 19 n'est pas le seul à conserver une étiquette blanche à cadre bleu; c'est aussi le cas d'ANA 2, 4, 12, 15, 29, 35 et 38 (voir Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 548–9), mais les cotes qui leur ont été attribuées n'ont aucun rapport avec celles que cite von Soden. Étant donné que les manuscrits portant ces étiquettes sont nombreux (voir ibid., 66), il est vraisemblable qu'elle remontent à un inventaire postérieur à celui de Constantinos, réalisé alors que les manuscrits de la Dormition avaient été réunis à ceux d'autres fonds.

38 Voir Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 63–4.

39 Alexoudis, « Κατάλογος τῶν ἐν ταῖς ἱεραῖς ἐκκλησίαις τῆς συνοικίας Κάστρου … χειρογράφων », 366 (n° 36).

40 Voir Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 324.

41 Les étiquettes portant les cotes ne sont pas datées, mais puisqu'elles rappellent parfois le nombre de folios (ANA 12, 15 et 35) et qu'inversement la note indiquant le nombre de folios d'ANA 26 inclut sa cote (5), les deux informations sont manifestement solidaires: Constantinos aura compté les folios, attribué les cotes et collé les étiquettes au cours d'un seul et même inventaire, qu'il faut situer autour du 18 septembre 1901, et même, semble-t-il, précisément ce jour-là.

42 P. Batiffol, autobiographie inédite, citée par Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 29.

43 A. H.-J. Sauvaire, lettre à P. Batiffol, 17 nov. 1884, citée par Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 26.

44 Son propre jugement sur cette contrée n’était pas plus favorable que celui de Sauvaire, à en juger par une allusion qu'il y fait en vantant les qualités des Grecs dans son petit livre sur le Mont Athos: « Im dunkeln Albanien wirkt ein griechisches Haus wie eine blühende Oase in schauerlicher Wüste … » (Schmidtke, Das Klosterland des Athos, 39).

45 Voir Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 548.

46 Lafleur, Greek New Testament Manuscripts from Albania, 549.

47 Alexoudis, « Κατάλογος τῶν ἐν ταῖς ἱεραῖς ἐκκλησίαις τῆς συνοικίας Κάστρου … χειρογράφων », 352 n. 1: « Ὁ κατάλογος οὗτος συνετάχθη τῷ 1882, ὅτε ό γράψας διετέλει μετροπολίτης Βελεγράδων. »