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Published online by Cambridge University Press: 22 April 2010
Les commémorations se multiplient à plaisir. Mais encore que nos sociétés de la ‘communication’ génèrent à toute occasion des promenades guidées dans le passé, il serait naïf d'y voir pour autant un goût de la connaissance désintéressée ou une aspiration à la vérité. Au contraire, celle-ci est plus souvent malmenée que respectée dans ces manifestations qui visent l'histoire utile’, c'est-à-dire qui pratiquent assidûment le recyclage de l'histoire au profit d'une solidarité de groupe qu'il s'agit de raffermir. Renforcer la cohésion des families idéologiques ou des sensibilites politiques, là est le véritable enjeu des commemorations. Celles-ci constituent done avant tout des terrains d'affrontements. Ceci peut offrir l'occasion d'un approfondissement du savoir, mais là ne se trouve pas le but de l'exercice. Ici e'est la communication qui règne, véritable auberge espagnole où d'authentiques ouvriers de la connaissance se rencontrent aux côtés de discoureurs ou de publicistes au statut plus incertain.
1 Une étude des enjeux politiques de la commémoration en France depuis la Deuxième Guerre attire l'attention sur le rituel des célébrations mais aussi sur les silences significatifs. Les commemorations anniversaires de la révolution française illustrent de manière exemplaire les enjeux politiques inherents au genre. Le phénomène n'est pas nouveau: voir, à litre d'exemple comparatif, Stengers, J., ‘Histoire et politique: 1889, le centenaire de a l Révolution française en Belgique’, Bulletin de la Classe des Lettres et des Sciences et Politiques 5e sér., 75, 10–12 (1989) 478–506Google Scholar.
2 Simon, C., ‘L'Afrique plus oubliee que jamais’, Le Monde 4 01. 1991; ‘Make Amends for Slavery, West Asked’, International Herald Tribune 26 déc. 1990; ‘L'Afrique demande “reparation” pour cinq siècles d'esdavage’ (Conférence mondiale sur les réparations à l'Afrique et aux Africains, organisée à Lagos en décembre 1990), Le Monde 19 déc. 1990. La conférence avance le précédent des réparations ouest-allemandes payées aux victimes juives de la He guerre. On remarquera que ces réparations sont demandées à l'Europe et au Nouveau Monde mais pas au monde musulman.Google Scholar
3 M. Buonfanti, dans I'Esploratore (1885) cité par Filesi, T., ‘L'ltalia e la Conferenza di Berlino (1882–1885)’, Quaderno Africa 11 (1985)Google Scholar.
4 Résidence officielle de Bismarck à la WilhelmstraBe, proche du ministère des Affaires Etrangères. C'est aussi à l'hôtel Radziwill que s'était tenu le congrès de Berlin de 1878.
5 Stanley reproduisit son intervention en annexe de son ouvrage, The Congo and the Founding of its Free State II (Londres 1885) 409–414. Son compte rendu est plus complet que celui qui figure aux Protocoles.Google Scholar
6 Ratzel et l'Afrique: F. Ratzel, Entwurf einer neuen politischen Karte von Afrika. Nebst allgemeinen Bemerkungen ïber die Grundsdtze der politischen Geographic (1885), Cité Korinman, M., Quand I'AUemagne pensait le monde (Paris 1990) 34Google Scholar.
7 Brunschwig, H., Le portage de l'Afrique noire (Paris 1971) 158–163. Suivant l'A., le terme été vulgarisé par des juristes internationaux. J. Stengers, attribue à l'Histoire d'Afriquede Georges Hardy (1922) la première confusion entre 1'Acte de Berlin et la notion de ‘zone d'influence’ [‘Les cinq légendes de l'Acte de Berlin’, Un siècle de documentation africaine, 1885–1985 (Bruxelles 1985) 11–19].Google Scholar
8 ‘The application of this device [spheres of influence] to Africa during the Berlin Conference of 1884–1885 resulted in a relatively uncomplicated division of Africa among the colonial powers. They had acquired vast territories without having to perfect their title through effective occupation and administration of the vast hinterland to their colonial enclaves’. Kratochwil, F., ‘Of Systems, Boundaries and Territoriality: An Inquiry into the Formation of the State Systems’, World Politics 39, 1 (10. 1986) 27–52 notamment 39CrossRefGoogle Scholar.
9 Granville à la reine, 14 avril 1881, Buckle, G.E. ed., The Letters of Queen Victoria 2nd III. (1879–1885) (Londres 1928) 210Google Scholar [nous soulignons]. II semble que Bismarck ait conseillé plus clairement à l'Angleterre et à la France de ‘prendre’ respectivement l'Egypte et la Tunisie. Ibidem.
10 Robinson, R. in: Förster, S. et al. eds., Bismarck, Europe and Africa. The Berlin West Conference 1884-1885 and the Onset of Partition (Oxford 1988) 25. De manière assez énigmaticque, l'A. ajoute: ‘The leading powers were clearly intent on avoiding colonial liabilities, on averting a scramble for the interior […]. The object of partition was anticolonial, and yet a colonial future was implied’. Curzon sur les sphères d'influence: Lord Curzon of Kedleston, Frontiers, (Oxford 1908) 45–47.Google Scholar
11 Les travaux de Ronald Robinson et de John Gallagher ont joué un rôle fondamental dans cette orientation. Parfois sur le mode provocateur, ces deux auteurs ont mis en doute que de nouveaux facteurs d'expansion dans les sociétes industrielles auraient provoqué la naissance et le développement de l'impérialisme.
12 Cette distinction est empruntée à la théorie des relations internationales élaborée par Martin Wight.
13 Grebing, H., Der ‘deutsche Sonderweg’ in Europa, 1806–1945. Eine Kritik, (Stuttgart 1986).Google Scholar
14 L'interpretation maximaliste de l'impérialisme allemand comme partie intégrante de la filière militariste et autoritaire de l'histoire du Reich se rattache notamment aux travaux influents de H.-U. Wehler. Celui-ci voulut voir dans le mouvement colonial de 1884–1885 l'expression nécessaire d'une politique de consolidation nationale menée par Bismarck en Allemagne meāe, et qui était dirigée contre les idées socialistes et libérates (Sozial imperialismus). L. Harding a montré qu'on serait bien en peine d'établir scientifiquement qu'il s'est agi là d'une circonstance déterminante dans les projets coloniaux allemands de 1884.
15 Un bon exemple de la tendance à l'autoflagellation dans le compte rendu consacré par le Zeit aux principaux courants de l'historiographie du centenaire de la colonisation allemande: cf. G. Peus, ‘… Die Kolonialschuldluge war keine Lüge’, Die Zeit 12 avril 1985, 45.
16 Lehfeld, H., ‘Antiimperialistischer Kampf zerschlug das Kolonialsystem. Gedanken nach der Berliner Kongo Konferenz uber die Zukunft Afrikas’, Neues Deutschland 23 02. 1985.10.Google Scholar
17 Uzoigwe, G.N., ‘Partage européen et conquête de l'Afrique: apercu général’ in: Histoire général de l'Afrique VII. L'Afrique sous domination coloniale, 1880–1935. Boahen, A. Adu ed (Paris 1987) 39–65, notamment 55.Google Scholar
18 ‘The world has perhaps never witnessed until now such highhanded a robbery on so large a scale. Africa is helpless to prevent it…’, Lagos Observer 19 02. 1885, cité J.F.A. Ajayi, ‘Colonialism: an Episode in African History’ in: L.H. Gann, L.H. and P. Duignan eds., Colonialism in Africa, 1870–1960 I (Cambridge 1969) 497–509, 507. Cette citation est reprise par V.A. Soubbotine, ‘Berlinskaja Konferencija 1884–1885 gg.’, Narody Azii i Afriki 6 (1985) 91–95.Google Scholar
19 Shepperson, G., ‘The Centennial of the West African Conference of Berlin, 1884–1885’, Phylon 46, 1 (1985) 37–48. L'A. évoque la visite prohibée de S. Carmichael en Angleterre Son interdiction de séjour fit la une du New Statesman 27 novembre 1984, 8–9. Pour monde afro-américain et Berlin, voir aussi le travail de S.M. Jacobs, The African Nexus Black American Perspectives on the European Partitioning of Africa, 1880–1920 (Westport 1981).CrossRefGoogle Scholar
20 Voir, par exemple, les contributions de Brazzaville, E. M'Bokolo au colloque de, Centenaire de la Conference de Berlin, 1884–1985 (Paris-Dakar 1987) et, du même A., dans le ‘II y a cent ans: l'Afrique partagee’, Actuel developpement 63 (nov.-déc. 1984) 39–43.Google Scholar
21 Saturday Review 22 nov. 1884, cité par Louis, W.R., ‘Sir Percy Anderson's Grand African Strategy’, English Historical Review 81, 319 (avril 1966) 292–314, notamment 300–301.CrossRefGoogle Scholar
22 Fisch, J., ‘Der herrenlose Kontinent …’, Neue Zürcher Zeitung 25 02. 1985, 19–20. L'A. montre que le principe de ‘bien sans maître’ était juridiquement intenable en droit des gens, mais qu'il fut retenu pour des raisons d'opportunité politique.Google Scholar
23 Allain, J.-C., ‘Un Yalta pour l'Afrique?’ in: L'Afrique noire depuis la Conference de Berlin. ed. (Paris 1985) 40–42. H. Brunschwig a esquissé un parallèle entre les mythes de Yalta et de Berlin, l'un et l'autre ‘répondant à des besoins’ in: ‘L'Afrique et son avenir, 1885–1985’, Symposium international de Kinshasa, 20–30 avril 1985 [non publie].Google Scholar
24 A Londres, en juin 1983, la non-invitation d'un chercheur africain, Baba Kake, figure parmi les prétextes avancés par la ‘gauche tiersmondiste’ de Brême pour justifier la rupture avec I'entreprise de colloque académique annoncée par l'lnsititut historique allemand de Londres.
25 Ministre néerlandais: cité par Wesseling, H., ‘Nederland en de Conferentie ran Berlijn, 1884–1885’, Tijdschrift voor Geschiedenis 103, 4 (1980) 559–576.Google Scholar
26 Hirschman, A.O., ‘Deux cents ans de rhétorique réactionnaire: le cas de l'effet pervers’, Annales, Economies, Societes, Civilisations 44, 1 (01.–02. 1989) 67–86.CrossRefGoogle Scholar
27 Debray, R., A Demain de Gaulle (Paris 1990).Google Scholar