Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Une sémiologie des espaces urbains est-elle possible? Dans une étude pionnière, parue en 1967, en pleine marée structuraliste, Françoise Choay répondait à cette question par l'affirmative. Malgré leur hétérogénéité, les villes, toutes les villes, seraient « saturées de significations » et travaillées d'images. Elles seraient fondées sur un système d'éléments signifiants apparentés au texte écrit et pourraient donc être appréhendées selon les mêmes méthodes que celles de la linguistique générale. Une telle sémiologie de la cité ne serait pas seulement possible mais souhaitable: les urbanistes y trouveront peut-être « le fil conducteur qui leur permettra de donner aux nouveaux ensembles urbains la richesse de significations dont ceux-ci sont aujourd'hui dépourvus » (p. 11). Quelques années plus tard, Roland Barthes explorait à son tour le champ sémantique du domaine bâti et réfléchissait à ses fondements linguistiques. Sans chercher à présenter ses résultats sous une forme véritablement positive, entendons scientifique, il déchiffrait à l'aide d'un tel prisme la ville de Tôkyô — ville du « signe fort », en dépit de ses signifiés fuyants sinon flottants.
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4. N'étant pas spécialiste de Ceylan, je laisse à d'autres le soin d'apprécier l'exactitude du tableau présenté. Mon commentaire portera davantage sur l'apport de ce livre à l'étude du fait urbain en Asie du Sud et sur ses ambitions théoriques.
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13. Il convient de préciser que ces préceptes varient selon les textes (Mayamata, Arthâçastra, etc.) et la catégorie du roi.
14. Cf. V. BARRE et al., op. cit.
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18. Idem, p. 11.
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22. Idem p. 269.
23. Cf. par exemple Cannadine David, « Introduction: Divine rites of kings », dans Rituals of royalty. Power and cérémonial in traditional societies, Cannadine, D. et Price, S. éds, Cambridge Univ. Press, 1987, pp. 1–19 Google Scholar.
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