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Hypergamie féminine et population saint-simonienne

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Emmanuel Le Roy Ladurie
Affiliation:
Collège de France
Jean-François Fitou
Affiliation:
École Nationale d'Administration

Extract

Les Mémoires de Saint-Simon, copieusement commentés par Boislisle, mettent en scène une dizaine de milliers de personnages ; ceux-ci appartiennent, sauf rare exception plébéienne, à l'élite française, voire européenne. Ils sont nés, pour quelques-uns d'entre eux, au XVIe siècle, et, pour le plus grand nombre, au xvne siècle ou dans les trois premières décennies du xvme. Cette population saint-simonienne peut être « mesurée » d'un point de vue démographique. Le présent article a pour but de donner un aperçu du système des mariages qui régit les échanges interpersonnels et interfamiliaux au sein de l'élite curiale du grand siècle, quelque peu élargie en la circonstance. Pour ce faire, il nous paraît nécessaire de rappeler brièvement, en manière d'ouverture, les résultats de deux articles précédents, qui ne manqueront pas d'éclairer notre démarche actuelle.

Summary

Summary

A study of Saint-Simon's Mémoires allows us to construct an image of the French aristocracy of the seventeenth and eighteenth centuries (1620-1730). The higher the social class of the “Saint-Simonian characters” of these years, the younger they seem to die. We regard this as a distortion resulting from the duke's special interest in the noblesse gentilice. In addition, the Saint-Simonian corpus provides a privileged ground for the study of aristocratic marriages. These assure the reproduction of social ranks, each group manifesting an inclination towards the internal recruitment of wives. Female up-breeding, rather than contradicting this evidence, completes it: Saint-Simon and those of his class tolerate a small degree of social ascent of women as long as it does not interfere with the general stability of court-society. Female down-breeding, on the other hand, is almost absent from the picture. It is only characteristic of a few minor groups whose exceptional success does not risk compromising the Social order.

Type
La Population et le Politique
Copyright
Copyright © Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1991

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References

Notes

1. E. LE Roy Ladurie et J.-F. Fitou, «Notes sur la population saint-simonienne», Cahiers Saint-Simon, n° 13, 1985, pp. 49-55 ; et Id., n° 15, 1987, pp. 83-95.

2. Tocqueville a relevé le caractère gratuit et obligatoire à la fois que revêt le service armé pour les jeunes nobles. De Tocqueville, A., De la démocratie en Amérique, t. III, chap. 22, p. 433 ; M, Lévy, Paris, 1864 Google Scholar, 14e édition.

3. A. DE Tocqueville, op. cit., p. 432.

4. L'index Boislisle nous a fait connaître un certain nombre de mariages postérieurs à 1723 (date de la fin des Mémoires) mais antérieurs à 1740. De Boislisle, A., Saint-Simon, Louis de Rouvroy, duc de, 1675-1755, Paris, Hachette, 1879 Google Scholar.

5. Nous ne nous dissimulons pas le peu d'estime que Saint-Simon portait au rang des princes étrangers. Nous n'avons pas cru, sur ce point, devoir le suivre jusque dans ses phobies, fussentelles les plus éclairantes.

6. Dumont, L., Homo Hierarchicus, Paris, 1966 Google Scholar.

7. Elias, N., La société de cour, Paris, Calmann-Lévy, 1974, p. 9 Google Scholar.

8. Labatut, J.-P., Les ducs et pairs de France au XVIIe siècle, Paris, PUF, 1972, pp. 187188 Google Scholar.

9. Nous citons les extraits des Mémoires dans l'édition Boislisle, indiquée par la lettre « B » suivie du tome en chiffres romains et de la page.

10. Pour un exemple particulièrement topique, voir le mariage de madame de La Guette, tel qu'elle le relate dans ses Mémoires, édités par le Mercure de France : LA Guette Catherine (Meurdrac) de, Mémoire de Madame de La Guette, Paris, Mercure de France.

11. E. LE Roy Ladurie, Résumé des cours et travaux du Collège de France, 1981-1982, p. 680.

12. Boislisle précise en effet, en note : « Quoique M. de Saint-Aignan eût déjà passé le duché à son fils, le Roi invita la nouvelle mariée à prendre les honneurs du Louvre, que d'ailleurs elle déclina par modestie. Au contraire, disent les Mémoires de Luynes, il refusa absolument cette distinction à la duchesse de Gramont, parce qu'elle était de basse extraction et avait réellement servi comme femme de chambre » (B, XI, 4).

13. L. Dumont, op. cit., p. 152.

14. Sur ce point, voir Dessert, D., Argent, pouvoir et société au Grand Siècle, Paris, Fayard, 1984, pp. 98109 Google Scholar (consacrées au Mythe du « laquais financier »).

15. Rappelons que la mère et la femme de Saint-Simon sont issues de familles éloignées du canon de la noblesse d'épée classique.

16. Pour la Palatine, voir la biographie récente de Van Der Cruysse, D., Madame Palatine, Paris, Fayard, 1988 Google Scholar.

17. E. LE Roy Ladurie, op. cit., pp. 681-682.

18. Ibid., p. 681.

19. Ce point de vue n'est pas l'apanage de la société curiale. En voici un échantillon que fournit le romancier édouardien E. M. Forster : « Mrs Durham avait bien sûr son idée derrière la tête : elle cherchait un parti pour Clive [son fils] et les demoiselles Hall figuraient sur ses tablettes. Elle avait une théorie selon laquelle il n'était pas mauvais de procéder parfois à quelques croisements et Ada [une des demoiselles Hall], bien que simple petite bourgeoise [les Durham font partie de la gentry], était une jeune personne saine. » Forster, E. M., Maurice, Cambridge, 1971 Google Scholar (trad. frseaux éditions Ch. Bourgois, Paris, 1987. La citation se trouve page 110). Dans un autre contexte, G. Mann apporte un témoignage convergent : « Les mariages entre membres de la noblesse et jeunes filles de familles juives [dans l'Allemagne de Weimar] étaient fréquents, il faut dire que la fiancée compensait alors son origine par l'apport d'une dot assez conséquente. » Mann, G., Erinerungen und Gedanken, Francfort-sur-le-Main, Fischer Verlag, 1986 Google Scholar (trad. Frse aux Presses de la Renaissance, 1988, sous le titre Une jeunesse allemande ; la citation se trouve page 126).

20. Voir, par exemple, sur les manoeuvres d'approche en vue du mariage de Philippe d'Orléans (B, I, 58 à 60).