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Published online by Cambridge University Press: 08 May 2018
De tous les problèmes irrésolus auxquels se heurte l'historien de l'époque moderne, celui des finances publiques et de leurs répercussions générales, est l'un des plus irritants. Les mises au point sont, en effet, la plupart du temps anciennes, incomplètes, et ce qui est pis, pleines de préjugés divers. Or voici que sont parus, coup sur coup, trois livres, à la fois fort divers et pourtant complémentaires, qui permettent désormais une nouvelle approche de la question.
Leur originalité est qu'ils se situent tous trois dans la seconde moitié du XVIIe siècle, époque cruciale et jusque-là fort négligée. La thèse de Jean Bérenger recouvre l'ensemble du complexe de problèmes que soulève l'État autrichien, cette « abstraction » que l'empereur Léopold Ier (1657-1700) conduit, en dépit de finances déplorables, à une situation de quasi arbitre de la politique européenne.
1. En dehors des ouvrages bien connus de Marion, M. (Dictionnaire des institutions de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1924 Google Scholar, réédition de 1968. Histoire financière de la France depuis 1715, t. I : 1715-1789, Paris,. 1914; Les impôts directs sous l'ancien Régime, particulièrement au XVIIIe siècle, Paris, 1910) on ne peut guère s'appuyer que sur les compilations de F. Veron De La Forbonnais, Recherches et considérations sur les affaires de la France depuis l'année 1595 jusqu'à l'année 1721, Bâle, 1758, 2 volumes, où se côtoient le meilleur et le pire; ainsi que l'ouvrage remarquable, mais par moments, discutable, de Esmonin, E., La taille en Normandie au temps de Colbert (1661-1683), Paris, 1913 Google Scholar.
2. Jean Bérenger, Finances et absolutisme autrichiens dans la seconde moitié du XVIIe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, Paris-IV, 1975, 527 p. avec index.
3. Brigitte Hou., Hofkammerpràsident Gundaker Thomas, Graf Starhemberg, und die ôsterreische Finanzpolitik der Barokzeit (1703-1715), Vienne, Archiv fur Osterreische Geschichte, 1976, 453 p.
4. Chandaman, C. D., The English public revenue, 1660-1688, Oxford, Clarendon Press, 1975, 386 p.Google Scholar Les trois ouvrages sont dotés d'excellents index qui facilitent singulièrement la consultation.
5. Voir à ce propos R. Mousnier, « L'évolution des finances publiques en France et en Angleterre pendant les guerres de la Ligue d'augsbourg et de la Succession d'espagne », Revue historique, n° 205, Paris. 1951, pp. 1-23. Sur l'épisode Law, Edgar Faure, cf., La banqueroute de Law, Paris, 1978 Google Scholar.
6. On peut beaucoup espérer des travaux de D. Dessert (thèse en cours). Cf. entre autres, son article sur la fortune de Mazarin, Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. XXIII, avril-juin 1976. Relevons le remarquable ouvrage de Françoise Mosser, Les intendants des finances au XVIIIe siècle. Les Lefèvre d'ormesson et le « département des impositions », 1715-1777, Genève, Paris, 1978, 327 p. sur lequel on reviendra.
7. Le principal ouvrage est celui de Bosher, J. F., French finances, 1770-1795 from business to bureaucracy, Cambridge, 1970 Google Scholar; cf. H. Luthy, La banque protestante en France de la révocation de ledit de Nantes à la Révolution, 2 tomes, Paris, 1959-1961. On peut encore consulter les vieux ouvrages de Matiet, J. R., Comptes rendus de l'administration des finances du royaume de France, Londres, 1789 Google Scholar; et Clamageran, J.-J., Histoire de l'impôt en France, 3 volumes, Paris, 1867-1876 Google Scholar. L'histoire sociale des financiers a suscité de la part des historiens français plus d'intérêt, Y. Durand, Les fermiers généraux en France, Paris, 1971 (thèse); G. Chaussinand-Nogaret, Les financiers du Languedoc au XVIIIe siècle, Paris, 1970 (thèse); du même auteur, Gens de finances au XVIIIe siècle, Paris-Bruxelles-Montréal, 1972. D'un point de vue plus général, mais parfois inégalement renseigné, F. Hincker, Les Français devant l'impôt sous l'ancien Régime, Paris, 1971.
8. Hartmann, Peter Claus, « Die Steuersysteme in Frankreich und England am Vorabend der franzôsischen Révolution; ein Strukturenvergleich », dans Schmidt, E. et Hinrichs, E., De l'ancien Régime à la Révolution française, recherches et perspectives, t. 55, Gôttingen, Publications du Max Planck Institut fur Geschichte, 1978, pp. 43–65 Google Scholar.
9. Dent, J., Crisis in finance : crown, financiers and society in seventheenth century France, New York, 1973 Google Scholar. Du même auteur, « The rôle of clientèle in the financial élite of France under cardinal Mazarin », dans Bosher, J.-F. (éd.), French government and society, 1500-1850. Essays in memory of Alfred Cobban, Londres, 1973, pp. 41–69 Google Scholar.
10. B. Hou., op. cit., p. 437.
11. Saint-Simon, , Mémoires, Paris, La Pléiade, t. V, 1955, 1105 p.Google Scholar
12. Meyer, Jean, Noblesses et pouvoir dans l'europe d'ancien Régime, Paris, 1974, pp. 183–200 Google Scholar.
13. Sur la révolution financière, cf. l'ouvrage essentiel de Dickson, P. G., The financial Révolution in England. A story of the development of public crédit (1688-1756) Londres, 1967 Google Scholar. de même, Cf., Wilson, C., England's apprenticeship (1603-1763), Oxford, 1965 Google Scholar (intéressant pour la comparaison esquissée avec les finances des Provinces-Unies).
14. Thèse inédite de M. Grosperrin, Paris, 1978.
15. Des travaux de J. Dent, résultent une problématique et une méthodologie qui demanderont à être approfondies. Pourquoi tel surintendant des finances, comme Antoine Le Camus, ou encore François Ménardeau-Champré, n'ont-ils pas formé de clientèle digne de ce nom, alors qu'abel Servien en forme une notable ? De même, les milieux des traitants semblent avoir sécrété des hommes qui ont servi de « cristalliseurs » : Martin Tabouret, etc. L'analyse des tableaux de J. Dent, article cité, mériterait d'être développée. Pour le xvme siècle, on consultera l'excellent ouvrage récent de F. Mosser, Les intendants des finances au XVIIIe siècle…, qui, en dépit de son titre, déborde sur le xvne siècle.