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Des Turcs aux Ḥanafiyya. La construction d’une catégorie « métisse» à Tunis aux XVIIe et XVIIIe siècles

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Sami Bargaoui*
Affiliation:
Université La Manouba (Tunis)

Résumé

Dans l’historiographie de la Tunisie ottomane, les Kūlughlī-s, métis issus de pères turcs et de mères indigènes, forment une catégorie intermédiaire dont le destin politique contribue à expliquer l’avènement du fait national. Un retour plus attentif aux sources et aux catégories des acteurs, montre que les Turcs nés dans la régence, créoles plutôt que métis, ont continué à se désigner comme tels jusqu’au début du XVIIIe siècle. Ils se sont inventé alors un nom particulier, Ḥanafiyya, qui les distingue des Turcs de naissance et des Arabes indigènes. Ils se sont également forgé des institutions particulières et une mémoire propre, liée à la fois à l’histoire ottomane et à celle de la province.

Abstract

Abstract

In the historiography of the Ottoman Tunisia, the Kūlughlī-s, half-breeds born of Turkish fathers and native mothers, constitute an intermediate category, whose political destiny contributes to explain the apparition of the national fact. A more attentive examination of sources and actors’ categories shows that the Turks born in the Regency, creoles rather than half-breeds, continued to designate themselves as such until the beginning of the 18th century. Then, they invented for themselves a particular name, Ḥanafiyya, which distinguished them from Turks born outside the country and native Arabs. They also forged their particular institutions and their own memory, linked as well to the province history and to the Ottoman one.

Type
La construction des identités
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2011

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References

Une première version de ce texte a étéprésentée au séminaire « Maghreb et monde arabe : bilan du XXe siècle» animépar Lucette Valensi à l’EHESS en novembre 1999. J’ai ainsi profitédes remarques et suggestions de ses auditeurs, comme de ceux de H. Abdessamad, K. Ben Dana, L. Blili, J. Dakhlia, Ö. Oguz et A.-M. Planel. Qu’ils en soient ici remerciés.

1 - Gruzinski, Serge, « Les mondes mêlés de la monarchie catholique et autres “connected histories”», Annales HSS, 56-1, 2001, pp. 85117.Google Scholar

2 - Boyer, Pierre, « Le probleme kouloughli dans la régence d’Alger», Revue de l’Occident musulman et de la Mediterranee, 1972, pp. 7994.Google Scholar Cet article a eu une grande influence sur l’historiographie maghrébine. Il lie explicitement l’échec de l’émergence d’un État national en Algérie a celui des Kūlugh lī-s dans la course au pouvoir avec les Turcs, en comparant cette situation avec celle, inverse, de la Tunisie ; MARC-ANDRÉ PEY, Tripoli de Barbarie sous les derniers Qaramānlī (1754-1835), doctorat de 3e cycle, Universitéd’Aix-en-Provence, 1977, p. 27 ; MOHAMED HÉDI CHÉRIF, « La “déturquisation” du pouvoir en Tunisie : classes dirigeantes et sociététunisienne de la fin du XVIe siècle a 1881», Cahiers de Tunisie, 117-118, 1981, pp. 188-191 ; ANDRÉ RAYMOND, « L’évolution des provinces arabes», inR. MANTRAN (éd.), Histoire de l’Empire ottoman, Paris, Fayard, 1989, pp. 341-420, ici p. 411, interprete l’écrasement d’une révolte des janissaires d’Alger par des forces Kūlugh lī-s et kabyles en 1817, comme l’indice d’une évolution tardive vers une « nationalisation» du régime.

3 - Kunt, I.Metin, The sultan's servants. The transformation of Ottoman provincial government (1550-1650), New York, Columbia University Press, 1983;Google Scholar A. RAYMOND, « L’évolution des provinces arabes», art. cit., p. 356 ; mais une telle vision ressort plus clairement de l’exposésynthétique et programmatique de EHUD R. TOLEDANO, « The emergence of Ottoman-local elites (1700-1900): a framework for research», inI. PAPPÉ et M. MA’OZ (éd.), Middle Eastern politics and ideas: a history from within, Londres-New York, I. B. Tauris, 1997, pp. 145-162, qui présente une sorte d’état de la question a partir des études les plus récentes.

4 - Shuval, Tal, « The Ottoman Algerian elite and its ideology», International journal of Middle Eastern studies, 32, 2000, pp. 323344;CrossRefGoogle Scholar Grangaud, Isabelle, La ville imprenable. Histoire sociale de Constantine au 18e siècle, Paris, Éditions de l’EHESS, 1998, IIIe partie;Google Scholar MOHAMED HÉDI CHÉRIF, Pouvoir et societe dans la Tunisie de ḥusayn Bin ⁽Alī(1705-1740), Tunis, Publications de l’Universitéde Tunis, 1984-1986, t. I, chap. IX; LEÏLA BLILI, « Turcs et métis dans la Tunisie ottomane : réalitébiologique ou catégorie de classement», in Grunberg, B. et Lakroum, M. (éd.), Histoire des metissages hors d’Europe. Nouveaux mondes ? Nouveaux peuples ?, Paris, L’Harmattan, 1999, pp. 125132.Google Scholar

5 - Les Turcs et leurs descendants suivent le rite hanéfite, qu’ils ont réintroduit dans le pays, alors que les autochtones sont de rite malékite. Ces deux rites forment avec le hanbalisme et le chaféisme la version sunnite de l’islam. Les différences entre ces rites, qui sont aussi des écoles de droit, ne sont importantes qu’au niveau juridique. Les sunnites sont en principes libres de choisir, en toute occasion, le rite qu’ils veulent suivre. Historiquement, pourtant, ces rites sont devenus des marqueurs différenciant Turcs et autochtones, ce qui a considérablement réduit cette liberté.

6 - Le Moyen Âge usait des termes de ša⁽bet umma, qui peuvent recouvrir, selon le contexte, le sens de tribu, peuple, « nation» ou encore ethnie. Ils n’ont pas en soi de connotation raciale ou ethnique.

7 - MOHAMED HÉDI CHÉRIF, « Témoignage du mufti Qāsim Aẓẓ ūm sur les rapports entre Turcs et autochtones dans la Tunisie de la fin du XVIe siècle», Cahiers de Tunisie, 77/78, 1972, pp. 39-50 ; ID., «La “déturquisation”…», art. cit. ; TAOUFIK BACHROUCH, Formation sociale barbaresque et pouvoir a Tunis au XVIIe siècle, Tunis, PUT, 1977, p. 33 sqq.; Ben Achour, Mohamed Aziz, Categories de la sociététunisoise dans la deuxieme moitie du XIXe siècle, Tunis, INAA, 1989, p. 139 sq.;Google Scholar ANDRÉ DEMEERSEMAN, « Ascendance familiale», in Aspects de la sociététunisienne d’apres Ibn Abīl-Dhiyaf, Tunis, IBLA, 1996, pp. 19- 36, ici p. 36.

8 - Le terme est clairement employédans le sens d’une catégorie distincte par Dan, Pierre, Histoire de Barbarie et de ses corsaires, Paris, 1637,Google Scholar qui divise les populations de Barbarie en trois « nations» : Turcs, Maures et Arabes (bédouins), et, pres d’un siècle plus tard, par JEAN-ANDRÉ PEYSSONNEL, Voyage dans les regences de Tunis et d’Alger, Paris, La Découverte, 1987, qui parle de trois « états» ou nations, sensiblement les memes, ou les Turcs forment « la noblesse du pays» (voir pp. 77, 88, 134, et l’introduction de Lucette Valensi).

9 - Sebag, Paul, « Un document inédit sur la Tunisie au début du XVIIe siècle», Cahiers de Tunisie, 33/35, 1961, pp. 109211;Google Scholar Jean De Thévenot, , Relation d’un voyage fait au Levant, Paris, 1665;Google Scholar J.-A. PEYSSONNEL, Voyage…, op. cit.; NICOLAS BÉRANGER, La regence de Tunis à la fin du XVIIe siècle, Paris, L’Harmattan, 1993.

10 - J.-A. PEYSSONNEL, Voyage…, op. cit., pp. 225-227 ; Shaw, Thomas, Voyage dans la regence d’Alger, Tunis, Bouslama, 1980, pp. 182185;Google Scholar P. DAN, Histoire de Barbarie…, op. cit., pp. 106 et 124-125 ; PIERRE GRANDCHAMP, « Une mission délicate en Barbarie au XVIIe siècle», Revue tunisienne, 30, 1937, pp. 299-322, et 31/32, pp. 471-501, ici p. 487.

11 - Histoire des dernieres revolutions du royaume de Tunis et des mouvements du royaume d’Alger, Paris, 1689, p. 373.

12 - MUḥAMMAD AL-SGh AYYIR BIN YŪSUF, Al-mašra⁽ al-malakīfīsaltanat awlād ⁽alīturkī, Tunis, Imprimerie Moderne, 1998, t. I, pp. 127-128. La traduction française est publiée par MOHAMED LASRAM et VICTOR SERRES, Mechra el melki. Chronique tunisienne, 1705- 1771, Tunis, Bouslama, [1900] 1978.

13 - La vérification, cependant rapide, dans les archives du pouvoir central indique que cet usage était également plutôt rare dans l’administration. Le plus ancien registre d’impôts conservé(Archives nationales de Tunis, registre no 1, p. 116) cite une seule fois le terme, a propos d’une taxe imposée en 1677 sur les pensions des «Kūlugh lī-s de Sousse», distingués des « Turcs de Mahdia», ville de garnison voisine. Nous ne savons malheureusement pas dans quelles conditions précises le registre a étéproduit, notamment s’il est le fait des autorités beylicales ou deylicales, a un moment ou le pays était déchirépar la guerre entre les tenants des deux institutions. Dans deux autres registres conservés a la Bibliotheque nationale de Tunis [BNT] sous les nos 3396 et 3397 et qui reprennent des documents officiels divers, notamment les traitements et pensions du personnel de l’État, s’étendant sur les XVIIIe et XIXe siècles, des corps militaires sont parfois désignés par « Turcs», mais Kū lugh lī n’est jamais utilisé, sauf pour un ou deux cas individuels.

14 - Laugier De Tassy, Jacques Philippe, Histoire des Etats barbaresques, Paris, 1757, p. 126.Google Scholar

15 - Al-aĝwiba, BNT, mss nos 4854, 6090 et 18418.

16 - Ces actes notariés constituent une partie du fonds de la défunte Djemaia des Habous ou Gam ìyyat al-awqaf, administration centrale des waqf-s (biens de mainmorte au profit d’institutions religieuses ou publiques) dissoute en 1957. Ils sont conservés – mais non classés – aux Archives du Domaine de l’État [ADE].

17 - Sublet, Jacqueline, Le voile du nom. Essai sur le nom propre arabe, Paris, PUF, 1991.Google Scholar

18 - Le Pere Dan, en 1634, a également étéfrappépar cet usage qu’il trouve particulier aux Turcs (Histoire de Barbarie…, op. cit., p. 326).

19 - Soit pres de trois cents titres, sous forme de rouleaux de papier ou de parchemin, longs parfois de plusieurs metres. Chaque titre contient un ou plusieurs actes enregistrant des mutations de propriétéde biens, finalement échus a la Grande Mosquée. Les plus anciens remontent à la fin du XVIe siècle, les plus tardifs au début du XXe siècle (voir ADE, awqaf jami al-zaytūna).

20 - Les nouveaux convertis portent tous le meme nom – fictif – du pere, Abd al-lah, du nom du pere du prophete Mahomet. Ce prénom n’est quasiment pas portépar les autres catégories de musulmans citadins a l’époque moderne. Sur ces groupes, voir T. BACHROUCH, Formation sociale barbaresque…, op. cit., et, pour les renégats, BARTOLOMÉ BENNASSAR et LUCIE BENNASSAR, Les chretiens d’Allah. L’histoire extraordinaire des renegats : XVIe et XVIIe siècles, Paris, Perrin, 1989.

21 - Depuis le XIIIe siècle, un contingent de militaires turcs sert régulierement dans l’armée hafside, et les villes côtieres de la régence offrent des ports d’attache aux corsaires turcs et renégats depuis la fin du XVe siècle. Certains ont du y faire souche, mais aucun groupe social particulier ne semble avoir émergéa la suite. Voir ROBERT BRUNSCHWIG, La Berberie orientale sous les Hafsides : des origines a la fin du XVe siècle, Paris, Adrien Maisonneuve, 1982, t. 2, p. 80.

22 - Nous la retrouvons notamment dans la littérature biographique, les autorisations de transmissions de savoir (iĝaza-s) et suivant les noms d’auteurs, de copistes ou de propriétaires de manuscrits, souvent d’ailleurs avec des noms de relation renvoyant aux lieux de naissance, de résidence, etc. Voir J. SUBLET, Le voile du nom…, op. cit.

23 - Al-šuhub al-mu1หriqa fīman idda⁽āal-iĝtihād law lāinqita⁽uhu min ahl al-maheraqa, Beyrouth, Dār al Gh arb al-Islāmī, 1990. Sur l’auteur, l’oeuvre et le rival, voir AHMED ABDESSELEM, Les historiens tunisiens des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Essai d’histoire culturelle, Paris, Klincksieck, 1973, p. 183 sq.

24 - Dans la premiere moitiédu XIXe siècle, beaucoup de familles n’usent même plus de leur nom de relation ḥanafī, se limitant au seul patronyme, a l’instar de la plupart des citadins de Tunis.

25 - CHARLES ANDRÉ JULIEN, Histoire de l’Afrique du Nord, Paris, Payot, [1931] 1975, t. II, pp. 275-309 ; ABDALLAH LAROUI, Histoire du Maghreb. Un essai de synthese, Paris, Maspéro, chap. XI et XII; T. BACHROUCH, Formation sociale barbaresque…, op. cit.; LEON C. BROWN, The Tunisia of Ahmed Bey, Princeton, Princeton University Press, 1974.

26 - ḥUSAYN ḪŪĞA, Ḏayl bašā⁽ir ahl al-īmān bi futūhāt āl ⁽Uṯmān, Tunis, Maison arabe du livre, s. d., pp. 88, 169, 171-174 et 181 ; MUḥAMMAD AL-SARRĀĞ,Al-ḥulal al-sundusiyya fīal-ūbār al-tūnusiyya, Beyrouth, Dār al-Gh arb al-Islāmī, 1984, t. II, pp. 338, 352-354, 361-364 et 398-406 ; MUḥAMMAD AL-SANŪSī, Musāmarāt al-ẓarīf bi ḥusn al-ta⁽rīf, Beyrouth, Dār al-Gh arb-al-Islāmī, 1994, t. II, pp. 8 et 10 ; t. III, pp. 7-8 et 66 ; MUḥAMMAD BAYRAM II, šarḥnaẓm fīal-muftīn al-ḥanafiyya bi tūnis, Beyrouth, Dār-al-Ġarb al-Islāmī, 1999, pp. 51 et 68.

27 - A. ABDESSELEM, Les historiens tunisiens…, op. cit., p. 157, et MUḥAMMAD SAĀDA, Qurrat al-⁽ayn fīnašr fadā⁽il al-malik ḥusayn, BNT, ms 7129, f. 111v.

28 - Voir, par exemple, MUḥAMMAD AL-BAKRī, Al-minaḥal-raḥmāniyya fīal-dawla al- ⁽utmāniyya, Damas, Dār al-Bašāir, 1995. Une reconstitution de la liste de ces juges ayant exercéen Égypte au XVIIe siècle est présentée par GALAL H. EL NAHAL, The judicial administration of Ottoman Egypt in the seventeenth century, Minneapolis-Chicago, Bibliotheca Islamica, 1979, pp. 78-79. Pour la Syrie, voir les ouvrages biographiques de IBN TŪLŪN, AL-Gh AZZī, AL-MUḥIBBī, IBNĞ umuA, AL-MAQQĀR et AL-MURĀDī, dont certains ont ététraduits et publiés parHENRI LAOUST, Les gouverneurs de Damas sous les Mamelouks et les premiers Ottomans (1260-1744), traduction des Annales d’Ibn Tūlūn et d’Ibn Ğ um⁽a, Damas, Institut français de Damas, 1952.

29 - A. ABDESSELEM, Les historiens tunisiens…, op. cit., pp. 209-210, et M. AL-SARRAG, Al- hulal al-sundusiyya…, op. cit., t. II, p. 381.

30 - M. SAĀDA, Qurrat al-⁽ayn…, op. cit., f. 111v.

31 - BILQĀSIM AẓẓŪm, op. cit., ms no 4854, f. 42r., et ADE, Ḥizb, Muḥammad B. ⁽Aqīla.

32 - M. AL-SARRĀĞ , Al-ḥulal…, op. cit., t. II, pp. 660-665.

33 - ABŪSĀLIM AL-AYYĀšī, Al-riḥla, Fès, 1898, t. I, p. 90, et t. II, p. 319.

34 - L’information a étécompletement oubliée. Un auteur du XIXe siècle, qui cite des documents d’époque, signale bien son départ, le fait qu’il s’installe à Istanbul, y occupe de hautes charges et y fait souche, mais ne l’insere pas dans sa liste des cadis. Voir M. AL-SANŪSĪ, Musāmarāt…, op. cit., t. II, p. 12, et t. III, pp. 66-67.

35 - S. Gruzinski, « Les mondes mêlés…», art. cit., pp. 110-113.

36 - ḢUSAYN ḪŪĞA, Bašā⁽ir ahl al-īmān bi futūhāt āl ⁽Uṯmān, BNT, ms 227. Seule la conclusion de l’ouvrage, citée ci-dessus, a étépubliée, Ḏlayl bašā⁽ir…, op. cit.

37 - Ibn AbīDīnār, Al-mu⁽nis fī ḫbār ifrīqiyya wa tūnis, Tunis, al-Maktaba al-Atīqa, 1967, pp. 5 et 161.

38 - A. ABDESSELEM, « Les historiens tunisiens…», art. cit., p. 287 sq.

39 - ⁽Iqd al-durr wa al-murĝān fīsalātīn āl-⁽uṯmān, BNT, ms no 4809.

40 - Al-ta⁽rīf bi al-usra al-bayramiyya, BNT, ms no 509.

41 - M. BAYRAM II, šarhg …, op. cit.

42 - A. ABDESSELEM, « Les historiens…», art. cit., pp. 218-219, et M. H. CHÉRIF, Pouvoir et societe…, op. cit., t. I, p. 42.

43 - La liste fournie par Bayram II, qu’il fait débuter vers 1613, integre deux magistrats – nés hors de la province – qui n’ont sans doute jamais exercécette charge. Dans un contexte de mainmise totale des Ḥanafiyya sur les structures judiciaires de la régence, qui ne craignent plus la concurrence d’autres groupes, cette intégration vise sans doute a établir, pour la communautésavante hanéfite, une chaîne de transmission qui la rattache aux origines ottomanes et aux écoles de droit de l’empire.

44 - M. AL-SARRĀĞ, Al-ḥg ulal…, op. cit., t. II, pp. 375-376.

45 - ABDELJELIL TÉMIMI, « La formation administrative et géopolitique des provinces ottomanes d’Alger, Tunis et Tripoli (1557-1588)» (en arabe), Arab historical review for Ottoman studies, 15-16, 1997, pp. 229-250, et ID., « Aux origines de l’ottomanisation administrative des provinces maghrébines (1565-1591)» (en arabe), Arab historical review for Ottoman studies, 21, 2000, pp. 87-111. Ce phénomene d’autochtonisation des troupes de l’armée centrale stationnées dans les provinces est général dans tout l’empire depuis la seconde moitiédu XVIe siècle. Voir I. M. KUNT, The sultan's servants…, op. cit., p. 83.

46 - BERNARD LAVALLÉ, « De l’esprit créole a la revendication créole : “Les origines du créolisme dans la vice-royautédu Pérou”», in Pérez, J. et alii, Esprit creole et conscience nationale, Paris, Éditions du CNRS, 1980, pp. 9-36, ici p. 12.Google Scholar

47 - Ceux-ci sont d’origine renégate, puisque Murād, le fondateur de la dynastie, est un Mamelouk néen Corse. Leurs meres et leurs épouses sont de diverses origines.

48 - ANNE-MARIE PLANEL,De la nation a la colonie. La communautéfrançaise de Tunisie au XIXe siècle, these de doctorat en histoire, Paris, EHESS, 2000.

49 - Anderson, Benedict, L’imaginaire national. Reflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme, Paris, La Découverte, 1996, ch. 3.Google Scholar

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