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En Nivernais au XIXe siècle : pour une histoire monétaire régionale

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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L'histoire monétaire des provinces au XIXe siècle n'a jamais été entreprise. Or la géographie monétaire, la géographie du crédit mettent précisément en lumière l'évolution même des mécanismes de la vie économique. Certes les phénomènes monétaires sont difficiles à saisir, les témoignages sont rares, les spéculations sur les espèces ne laissent guère de traces et nous possédons fort peu d'archives sur ce point1. Mais « à la fois baromètres de mouvements profonds et causes de non moins formidables rendements de la masse sociale, les phénomènes monétaires se rangent parmi les plus dignes d'attention, les plus révélateurs, les plus chargés de vie sur lesquels l'historien puisse se pencher. Leur obscurité même, … à quoi tient-elle sinon à leurs multiples liens avec tous les ressorts les plus intimes de l'activité humaine ? ».

Type
Études
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Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1963

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References

1. Les archives de la Monnaie de Paris et celles du Ministère des Finances ont été presqu'entièrement détruites. Les archives départementales contiennent bien peu de renseignements sur un tel sujet. Quant à la succursale de la Banque de France à Nevers, ses archives ne remontent plus au delà de 1000.

2. Marc Bloch, « Mutations monétaires dans l'ancienne France », Annales 1958, p. 45. Il n'existe aucune histoire valable de la monnaie au xixe siècle, tenant compte des réalités économiques. Les pratiques monétaires du Xviii” demeurent très mal connues. Cf. R. Dufraisse, « Problèmes monétaires en Alsace au xviii0 siècle », in Revue d'Alsacet. 962, 1956, p. 195-220, et L. Debmigvy, « Circuits de l'argent et milieux d'affaires au XVIII e siècle », Revue historique1954. — Aucune étude sur les problèmes de la monnaie dans une province au xixe siècle n'a été, à notre connaissance, réalisée jusqu'à présent. Certes, le Nivernais, éloigné des grands courants commerciaux et des hôtels monétaires, ne peut offrir que des enseignements limités : mais, précisément, il importe de retracer l'évolution monétaire de régions dont le développement a toujours été marginal.

1. Nous avons abordé le problème de la banque et du crédit en Nivernais, dans les Annales :« Pour une histoire bancaire régionale : en Nivernais de 1800 à 1850 », 1955, p. 494-502. Notre propos n'est ici que de réunir quelques notes sur le problème monétaire et d'esquisser quelques orientations de recherches dans ce domaine si complexe.

2. Nous possédons peu de renseignements sur la Cour des Monnaies de Bourges. Cf. Archives DÉPartementales DU Cher, B 2447 et suiv. ; H. Boyer, « La monnaie de Bourges », Mémoires de la Société historique du Cher1868, p . 83-128. Sur l'ancienne Monnaie de Nevers, on se reportera à G. de Soultrait, Essai sur la numismatique nivernaise(1854) et H. Sarriau, Nouvelles recherches sur la numismatique nivemaise1894 (extrait du Bulletin de la Société nivemaise).

3. D'après VAlmanach des monnaies, Année 1784par M. Des Rotours (à Paris, chez Méquignon), on trouvait un changeur à la Charité (Charlemagne), Donzy (Thierriat), Clamecy (Marmotan), Nevers (poste vacant à cette date ; Moreau de Montalin et Gourjon, notaires sont changeurs en 1785). L'office de changeur était une fonction importante. Antoine Faure, licencié en droit, était changeur jusqu'à 1775, sa veuve vend l'office 100 livres à J. B. Gauthier d'Aubeterre avocat au Parlement (acte cité par L. Guéneau Vorganisation du travail à Nevers aux XVIIe et XVIII* siècles1919 p. 96, n. 3).

4. Le juge provincial résidait même à la veille de la Révolution à la Charité.

5. Le nombre des orfèvres fut limité à 4 en 1757, par déclaration du Roi. La communauté des orfèvres était fortement endettée (de 950 1) en 1753 (cf. L. Guéneau ouvrage citép. 125). Aucune étude n'a été publiée sur les orfèvres à Nevers et à La Charité en dehors de L. Roubet, Les anciens orfèvres de Neversextr. Bulletin de la Société nivernaise(1872), qui concerne surtout le xvie siècle.

6. En 1789 deux orfèvres payent de 25 à 50 1 d'imposition, 2 de 11 à 25, un seul moins de 10 1 (L. Guéneau, ouvrage citép. 595). Les fortunes des Pérony, Sionnest, Guillerault (de la Charité) étaient particulièrement solides.

7. Cf. L. Guéneau, ouvrage citép. 303. Brevet d'apprentissage de Jacques Pérony chez Pierre-Louis Pérony, orfèvre à Nevers : Archives DÉPartementales DU Cher, B 2451. C'est ce Jacques Pérony qui obtiendra de remplacer Pierre-Louis devenu feyencier.

8. Quelquefois ils sont accusés de fraude, de « billonnage » (cf. procédure contre Claude Testelet, orfèvre à La Charité, 1725. Archives DÉPartementales DU Cher, B2447).

1. L. Guéneau, ouvrage citép. 553, n. 6. En 1763, Claude Bouchard, Robert et Julien Sionnest sont fermiers des droits de marque et de contrôle moyennant 200 1 par an ( J. Sionnest sera changeur sous l'Empire). — Au xvn” siècle les orfèvres étaient entrés en lutte contre les « marchands bizoirs » venus de Dauphiné, et qui avaient ouvert un « grand magasin » ; ils leur reprochaient (en 1676) d'acheter de l'argent « en oeuvre », de débiter à leur détriment des boutons d'orfèvrerie, et d'avoir transporté « quantité d'argent » en Dauphiné (cf. Duminy, « Les marchands bizoirs à Nevers », in Revue du Nivernais, t.II, 1898). Les orfèvres drainaient habituellement dans les campagnes tous les objets d'argenterie — vaisselle, bijoux — qu'ils achetaient à bas prix des paysans pressés par le besoin.

2. Les frères Lyons avaient une des plus grosses fortunes de Nevers, 150 000 1 : l'un s'occupait du négoce, l'autre faisait la banque. La banque Lyons disparut seulement après 1848.

3. Les relations avec Nantes étaient assez étroites, car Nevers expédiait par la Loire ses fers pour la marine et les colonies, son charbon de terre également. (Cf., par exemple, une correspondance commerciale avec Nantes sous le Ier Empire dans le Fonds Dubourg de Bozas, Archives DÉPartementales DE. LA NIÈVre, II F).

4. Nevers avait l'avantage d'être situé sur la grand-route d'Auvergne tout comme La Charité, qui était un très important centre commercial et manufacturier avant 1789.

5. On n'a pas assez souligné cette conséquence financière de la navigation de la Loire ; la situation était identique à Orléans (au début de l'Empire).

6. C'est là un des traits permanents du marché bancaire de Nevers. Cf. t Pour une histoire bancaire régionale », art. citép. 498-499.

7. Les fermiers des grands propriétaires leur faisaient « passer des fonds » chez leur correspondant à Paris sans transport d'espèces en achetant du papier sur Paris ; souvent ces fermiers étaient en même temps maîtres de forges. Les baux étaient parfois payables de trois mois en trois mois.

1. Les impôts étaient payés en papier sur Paris : ainsi la ville de Clamecy protestant contre sa réunion à Nevers, expose en 1789 « que le commerce des bois de Clamecy avec Paris qui fait subsister les trois quarts des habitants de Clamecy et fournit à la Capitale les deux tiers environ de son approvisonnement, rend nécessaires à Clamecy les deniers de ses recettes publiques, en échange desquels ceux qui ont le maniement de ces recettes prennent des papiers sur Paris, ce qu'ils ne pourraient faire dans le cas de réunion au Bourbonnais, les préposés aux recettes de cette province étant obligés d'envoyer leurs deniers en nature à Moulins… ».

2. La monnaie d'Orléans, de 1782 à 1789, n'a frappé que des monnaies d'argent (0,91 % en or seulement). Cf. Archives Nationales, F12 1889 et L. Dermigny, « Une carte monétaire de la France à la fin de l'ancien régime », in Annales1955, p . 480- 493. Les chiffres de la frappe de la Monnaie de Bourges avant 1772 n'ont pas été publiés.

3. J. J . Sabatier, Sur Vusures.d. (1804 î). Sur Sabatier administrateur des forges de Pont-Saint-Ours, cf. « Un préfet maître de forges », in Actes du 84e Congrès des Sociétés Savantes1960, p. 176-191. — Notons que Sabatier signale que la circulation du papier était bien plus considérable avant 1789 que sous l'Empire ; cf. les remarques de P. de Saint Jacob in Bulletin Soc. Hist. mod.1958, t . X II , p. 8, sur la « domination du fiduciaire » au XVIIIe siècle.

4. Chiffre donné par Taverna, « Une ville affamée, Nevers pendant la Révolution » in Mémoires de la Société Académique du Nivernaist. 21 (1919), p . 92.

5. Quelquefois des actes notariés précisent des paiements en espèces d'or, mais le fait semble exceptionnel : par exemple, un contrat du 18 octobre 1774 entre le Marquis de Remigny et Babaud de la Chaussade, précise qu'en commençant chaque coupe de bois, il sera payé 8 louis d'or valant 72 livres (Archives de Dumphlun, copie V. Guéneau). Une étude des actes notariés à ce point de vue serait très précieuse.

6. Par exemple, l'habitude persista longtemps de peser les monnaies (un épicier de Nevers, numismate, Alfred Manuel, avait réussi au x i x e siècle à constituer une intéressante collection de poids monétaires de toutes formes).

7. Il serait curieux de connaître l'importance du trafic des espèces étrangères, qui souvent constituaient partie des réserves personnelles. Il faudrait faire des sondages systématiques dans les inventaires après décès : de tels sondages permettraient de mesurer l'importance de l'argenterie, bijoux et deniers comptants dans les fortunes bourgeoises.

8. Le « triage » des pièces les plus pesantes ou des pièces décriées pour les refondre était une des grandes ressources des changeurs et orfèvres.

1. C. Demay, Cahiers de doléances des villes de Cosne, Varzy et de la paroisse de Ligneuille(ext. du Bulletin Soc. Yonne)p. 21-31. — On réclame également à La Charité que soit stipulé l'intérêt, « au taux du prince dans les obligations notariées autres que le contrat, lesquelles obligations deviendraient aussi promptement exécutoires qu'un contrat portant hypothèque » (Cahier des doléances, plaintes et remontrances… de La Charitépp. P. Meunier, Bulletin Société nivernaise1894, p. 27, 80-32).

2. Cayer du bureau de Luzyart. XXV, pp. L. Guéneau, in Mémoires Société Académique du Nivernais, t.V, 1894, p. 11 et suiv. — A Luzy on réclamait également la suppression des receveurs généraux et receveurs particuliers « en laissant aux États provinciaux d'aviser au moyen de faire tenir directement les impositions au trésor royal ». E t de dénoncer « les sommes immenses accordées aux receveurs chez qui un peu d'exactitude peut tenir lieu de science et de travail (…) les grapillages qui s'exercent envers les collecteurs, la nécessité où sont ceux-ci, quel que soit leur éloignement, de porter eux-mêmes ou de faire porter, à grands frais, et à leurs risques et périls, les sommes qu'ils ont levées, faute pour les receveurs de commettre à certaines distances des personnes pour les remplacer » (” Cayer des plaintes, avis, doléances et remontrances du Tiers-État de la ville de Luzy » publié dans VAlmanach de la Nièvre pour 1844).

3. Il n'est pas jusqu'aux recherches minières qui ne soient caractéristiques : à Sancy une mine de plomb argentifère fut découverte en 1775, et un pharmacien à La Charité fit, en 1785, les essais (le minerai contenait 1 /266e d'argent) ; en 1785 également, Sage essaya le minerai de plomb d'une mine de Glux, qui contenait très peu d'argent ; à Saint-Didier, près de Tannay, « il y a une autre mine qui contient un peu d'or ». « La terre a été fouillée aux environs de Beaumont-Sardolles, Avril-lesloups et ailleurs dans l'espérance de trouver de l'or et de l'argent » (Gillet, Annuaire de la Nièvre pour Van Xp. 94). A Saint-Léger-de-Fougeret, une mine d'or et de mica fut reconnue en 1742. L'histoire de ces diverses tentatives — qui se prolongèrent au xixe siècle — n'a pas encore été faite (cf. H. Marlot, Recherches sur les mines métalliques et les métaux précieux dans le Morvanextrait des Procès-verbaux de la Société d'histoire naturelle d'Autun1914).

4. Pendant toute la Révolution les fermiers des grands propriétaires firent passer des fonds hors de France : ainsi les Bonneau du Martray, fermiers de Vandenesse, à M. de Talleyrand-Chalais (cf. lettre publiée par A. Thuillier, « Semelay sous la Convention », in Actes duS7° Congrès des Sociétés Savantes).

1. Sur les billets de confiance, dont l'histoire est bien connue, on consultera G. DE Soustrait, Essai sur la numismatique nivernaise1854, p. 219-225 ; P. Meunier, « Les billets de confiance dans la Nièvre en 1791, 1792, 1793 », Bulletin Société nivernaiset. XV, p. 231-202, et, du même, La Nièvre pendant la Convention1895, t. Ip. 85-38 ; Taverna, « Une ville affamée pendant la Révolution », in Mémoires Société Académique du Nivernaist. XXIV (1922), p. 105-108.

2. Ces billets étaient endossés par Custode, Sérizier, Lestang, Champesle, Gounot et Petit et n'étaient remboursés qu'en assignats (cf. Annuaire de la Nièvre pour 1841p. 139). Le change contre assignat devait être limité à 1 /2 %. Les faïenciers émirent au total, du 8 août 1791 au 30 novembre 1792, 127 465 livres.

3. Caisse Paillard à Entrains, Tannay, Clamecy ; Caisse Ledoux et Cie à Clamecy (cf. DE Soultrait, ouv. cité; A. SonniÉ-Moret, Éphémérides clameciçoises…1872, p. 91-92, 167). A Decize la commune expose, en mai 1792, que c l'argent et la monnaie de billon ne sont, pour ainsi dire, point en circulation ; l'approche des travaux de la campagne rend plus nécessaire que jamais une émission de billets de confiance ; de la disparition de la monnaie de billon, qui est en partie portée sur les frontières, il résulte de très grands et de fréquents obstacles dans le commerce des départements de l'intérieur, surtout pour l'approvisionnement des choses comestibles et pour le paiement des ouvriers ».

4. Leur liquidation dura jusqu'en l'an IV (cf. Taverna, art. citép. 108 ; P. Meunier, Éphémérides révolutionnaires1906, passim).

5. On trouve aux Archives Nationales (F30 204) le dossier complet des lettres des maîtres de forges et exploitants de bois à M. de la Marche, qui était chargé des échanges : ces lettres donnent une curieuse image de la vie économique du Nivernais à la fin de 1791. C. Les sommes étaient importantes : les manufacturiers de faïence avaient besoin de 80 000 livres, Frazey, à Imphy, de 6 0001. par mois, Robert, à Cigogne, de 900 I. — Même situation dans l'Auvois à Grossouvre : « Le défaut de numéraire ou d'assignats de 5 1. font souvent que les ouvriers reviennent des marchés de Sancoins sans pouvoir se procurer les blés nécessaires à leur subsistance et à celle de leur famille… Les maux qui nous affligent ne peuvent être tempérés que par l'émission d'une quantité considérable de petits assignats » (21 oct. 1791).

1. Voir, par exemple, une lettre d'Ange-Laurent Dufaud du 12 mars 1792 pour obtenir de petits assignats, dans Georges Dufaud et les débuts du grand capitalisme métallurgique1959, p. 151. — En 1795 on paie Viard-Vaumaine, directeur des houillères de Decize, en assignats de 10 000 livres qu'il lui est impossible de changer.

2. Un maître de forges de la Nièvre, le député Legendre, propose à la Convention de réduire l'argent monnayé au titre de l'or (la refonte des louis en 1785 ayant entraîné une sortie du numéraire argent) et d'établir une banque nationale aveo des correspondants dans les principales villes de la République (Rapport sur les causes de l'agiotage, sur les moyens propres à le détruire et à régénérer le crédit nationalpar S. P. Legendre).

3. Pour le district de Nevers, 90 000 1 de monnaie d'or, 241 000 1 de monnaie d'argent, 11 000 de vaisselle d'or, 284 000 de vaisselle d'argent, 11 000 de galons (cf. Tavebna, art. cité).— Une députation vint présenter les envois a la Convention les 11 et 22 brumaire an II.

4. Lettre du 30 septembre 1793. Cf. l'arrêté de Fouché (25 vendémaire an II) : « Considérant que l'argent et l'or enlevés par les riches à la circulation et que ces avares entassent pour avoir sous leurs yeux longtemps encore l'image des tyrans, ne doivent plus servir à alimenter nos ennemis, à accaparer nos subsistances et à payer les assassins des plus ardents défenseurs de la liberté et de l'égalité ; considérant que ces égoïstes en accumulant de vils métaux n'ont cherché à se les procurer qu'en nourrissant l'odieux espoir d'une contre révolution ; que ces esclaves de l'or ne l'ont acheté à si haut prix que pour détruire le crédit d'une monnaie fondée sur des biens réels… ». Il est bien certain que les « avides intermédiaires » firent quelques retenues occultes sur ces sommes considérables.

5. « Sous forme de service rendu », note à ce propos l'avoué P. Meunier en 1895 (ouvrage citét. I, p. 282), « ce petit commerce commença la fortune de bien des gens, c'est par des procédés tout aussi blâmables que d'anciens valets de nobles, des mar- chands de toutes espèces de choses, des régisseurs aux attributions vagues, de très minces hommes de loi, des aventuriers feront leur fortune en profitant ainsi de la campagne entreprise par Fouché contre l'agiotage… »

1. En décembre 1791,10 0001 en espèces furent échangées « au pair » contre pareille somme en assignats par plusieurs officiers municipaux de Nevers (Cf. P. Meunier, Éphémérides révolutionnaires1906, p . 11, 39). De telles dilapidations des fonds publics furent fréquentes.

2. En l'an IV on retirera les cartes de pain aux vignerons « qui étant payés en numéraire ou en nature peuvent se procurer du blé. » (Cf. Taverna, art. cité.)

3. « Au Conseil des Anciens sur la résolution du Conseil des Cinq Cents du 13 floréal an V pour le mode de paiement des ventes de coupes de bois. » Archives Nationales, AD XI, 60.

4. Le 20 pluviôse an IV ﹛Observations importantes sur le prochain approvisionnement du bois de chauffage…, ibid.)les marchands intéressés « au flottage sur l'Yonne » demandent une avance en numéraire de 150 000 1, arguant que dans la Nièvre, après les réquisitions de Fouché, « Von y est exactement sans le sol». Sur la crise des houillères de Decize, cf. Georges Dufaud (ouvr. citép. 131-132), et, sur la diminution d'activité des usines de fer, cf. le tableau dressé par Ange-Laurent Dufaud en l'an IV, Archives Nationales, F “ 4436 et un autre tableau, ibidemF ” 268. L'activité des fayenciers est totalement arrêtée depuis 1792.

5. Cf. A. Desforges, « Le canton de la Nocle sous le Directoire » in Mémoires Société Académique du Nivernaist. 21 (1919), p. 58-55 ; S. Commeau, « La verrerie Sainte- Catherine », ibidemt. 19 (1916), p. 54-56. 1. « Il est donc constant… que, sous tous les points de vue, chaque année la rentrée du numéraire dans notre canton, comparée avec la sortie, offre un déficit énorme, que ce n'est qu'au détriment des fonds nécessaires que nos administrés ont jusqu'ici pu suffire au paiement de l'impôt » (Municipalité du canton de la Nocle, 21 septembre 1798, cité par Desforges, art. citép. 55). C'est un argument souvent invoqué lors de la répartition de l'impôt foncier que cette « balance » du numéraire : La Nocle, en effet, avec un revenu de 71 000 f payait 16 559 f d'impôts…

2. En 1816 on se plaignait encore de « ce vol extraordinaire qui fut apprécié à un million, le commerce se ressent toujours de cette perte » (J. B. Jourdan, Doléances suivies de voeux à émettre au Conseil Général…1816, Archives V. Guéneau) « Qui ne sait d'ailleurs, ajoutait-il, que l'industrie ne prospère que par l'abondance du signe monétaire, réel ou fictif, que la confiance accueille et qui accroît ou qui diminue la valeur des denrées à raison de sa multiplication ou de sa rareté.

3. Les marchands de bois de Clamecy demandent même en l'an VI l'autorisation de puiser dans les Caisses du Trésor : « La pénurie du numéraire qu'éprouvent les marchands de bois leur empêche de fournir aux dépances que demande le jettage des bois pour l'approvisionnement de Paris… J e vous invite à représenter au ministre de l'intérieur les difficultés que les marchands éprouvent à faire remonter de l'argent de Paris puisqu'ils sont obligés de le faire apporter par des flotteurs qui sont exposés à être volés en route ; encore ce moyen ne peut-il avoir lieu que dans l'été lors du flottage des bois en trains. Anciennement le produit des tailles, aides, gabelles, e t c . , était à la disposition du commerce qui faisait exactement verser à Paris les sommes qui lui étaient avancées à Clamecy. En autorisant le commerce à prendre des fonds chez le préposé du receveur général de la Nièvre à la résidence de Clamecy, le trésor public n'éprouverait aucun retard dans les rentrées, il éviterait des frais de recette et assurerait les transports qui sont très dispendieux et susceptibles d'être dévalisés… (24 frimaire an VI, Arch. dép. Nièvre, L non classé).

4. Des banquiers s'installent à Nevers comme correspondants de banques parisiennes : ainsi « le citoyen Jacquinot, ex-secrétaire en chef du département de la Nièvre, et correspondant depuis cinq ans du bureau central de liquidations et de recouvrement établi à Paris rue Jacob, prévient ses concitoyens que désirant leur être utile et les mettre à même d'obvier aux retards, pertes et faux-frais qu'ils ont pu éprouver parce qu'ils n'avaient pas à Paris ou à Nevers d'intermédiaires de confiance à la suite de leurs liquidations, négociations et recouvrements, il s'est décidé à établir chez lui à Nevers … un bureau à cet, effet » (Almanach général de la Nièvre pour Van IX).« Sur l'usure», brochure précitée.

2. La préférence accordée au prêt usuraire empêche d'acheter, ce qui provoque une baisse sensible des prix de la terre et des produits. « De toutes les tyrannies, écrivait ailleurs Sabatier, celle des écus n'est pas la moins funeste ; elle flétrit les autres valeurs, elle déoourage le travail, elle dépeuple les ateliers, elle ruine les propriétaires, elle corrompt les moeurs en favorisant la paresse par les énormes bénéfices qu'elle procure à l'oisiveté… » (Coup d'oeil sur l'importance du crédit, sur les ravages de l'usure et sur les avantages des grands établissements de banque ou d'escompte, s.d. (an VII ?)

3. Sabatier concluait à la nécessité d'installer des banques départementales pour donner une grande extension à la Banque de France et étendre la circulation fiduciaire. « L'or et, l'argent ne peuvent être considérés que comme nécessaires aux salaires des ouvriers et aux appoints des engagements de commerce. Un pays qui ne ferait de négoce qu'en raison du numéraire existant entretiendrait une usure qui, paralysant toutes les parties, rendrait très difficile la rentrée des impôts… » : thèse très moderne.

1. Sabatier, Tableaux comparatifs des dépenses et des contributions de la France et de l'Angleterre…(an XIII), p. 227. Ce thème fut repris souvent, surtout par les protectionnistes « C'est presque toujours l'insuffisance des moyens pécuniaires qui a fait avorter en France une foule d'entreprises utiles dont les idées recueillies par les Anglais et fécondées par leurs capitaux sont devenues pour eux autant de sources de nouvelles richesses » (Observations sur la nécessité de comprendre les fontes dans les mesures à prendre contre les fers étrangers…janvier 1822).

2. Cf. les conclusions de J. Gabiixard, « Le financement des guerres napoléoniennes et la conjoncture du Premier Empire » dans Revue Économique1958, p. 548- 572. — Notons encore que les frais de recouvrement des impôts étaient assez élevés en Nivernais : ils s'élevaient à 1 /2488 contre 1 /412e dans l'Yonne, 1 /643e dans le Cher et 1/137“ dans l'Allier (” État des frais faits par les receveurs particuliers pour le recouvrement des impositions directes… » dans le Compte de l'Administration des Finances pendant l'année 1811(1813), p. 117-118).

3. Sur cette crise économique, cf. Georges Dufaud…ouvrage cité, p. 23-25 et J.-J. Hemardinquer, «Lafonderie de Nevers et ses banquiers », in Actes du 84” Congrès des Sociétés Savantes1960, p. 241-265, qui note que les envois d'espèces de Paris à Nevers par la banque André demeurent exceptionnels.

4. « Les ouvriers sont venus hier dans l'attente de recevoir de l'argent, ils ont beaucoup fait le train, je les ai apaisés autant que j'ai pu. Il leur est dû mille livres » (7 septembre 1808, lettre de Garnier, régisseur des forges de Mme du Bourg de Bozas).

5. Cf. « Pour ur.e histoire bancaire régionale », art. citép. 495. « Comme l'argent est très cher, écrit Garnier à Mme du Bourg, n'auriez-vous pas meilleur compte à m'en faire parvenir par la diligence î » (mai 1808). Garnier juge l'escompte « exorbitant» môme chez le Receveur Général, Lefèvre-Lemaire.

6. Cf. « L'économie forestière du Nivernais au début du xix” siècle », in Mémoires de la Société Académique du Nivernaist. 52, 1961, p. 40-41.

7. Lettre du Baron de Breteuil, préfet de la Nièvre, 26 avril 1811.

8. Observations sur le commerce du département de la Nièvre à l'époque du 1” mai 1S11par G. Roy (Nevers, Lefebvre l'aîné, 16 pages, BibliothÈQue DE Nevers, 8 N 1879) : Roy était chef des bureaux de la Recette Générale. 1. Lettre du Baron de Breteuil, mai 1811, publiée dans Georges Dufaudouvrage cité, p. 156.

2. Chambre de Commerce de Nevers (1811). Déjà le 27 janvier 1808, la Chambre de Commerce demandait la création d'un comptoir de la Banque de France à Nevers. « Si Bourges, Moulins où Nevers n'ont pas un de ces comptoirs, un territoire de mille lieues carrées… sera privé d'un bienfait que toutes les parties de l'Empire sont appelées à partager. Eh ! combien la position de Nevers ne lui donne-t-elle pas d'avantages sur les deux villes que l'on ne pourrait mettre en concurrence avec elle : beaucoup consiplus commerçante que chacune d'elles, centre d'une quantité prodigieuse d'usines, elle est de plus le chef-lieu d'un département dont toutes les exportations affluent à Paris… »

1. Une somme de 400 000 f fut avancée par l'Empereur au commerce pour faciliter la mise en trains des bois flottés destinés à l'approvisionnement de Paris.

2. Nous avons pu obtenir des témoignages oraux sur ce point. Dans les louées des servantes on calculait en pistoles (cf. L. Mikault, « Les Maries », in Mémoires Société Académique du Nivernaist. VII (1898), p. 100). Les comptabilités familiales sont souvent tenues en livres jusqu'en 1825.

3. Six blancs ou deux sous et demi ou 12 cent. 1/2.

4. Les orfèvres restaient soumis à la tutelle d'un « bureau de garantie pour les matières d'or et d'argent « comprenant en 1801 un contrôleur (Osselin puis Duchesne), un essayeur (Allard) et un receveur (Duguenot) ; en 1805 les deux orfèvres Sionnest et Baudot étaient changeurs. Nous sommes très mal renseignés sur l'activité de ce bureau de garantie, qui semble avoir été faible. En 1829 on comptait trois orfèvres, en 1845, sept. Ils avaient souvent une activité de prêteurs, tel Groslard fils vers 1870 (au témoignage de Georges Bourgin, dont le père tenait commerce de gros à Nevers).

5. Il faudrait relever tous les procès en faux-monnayage en Nivernais : par exemple quatre Nivernais passent en cour d'assises le 12 juillet 1816 pour fausse monnaie de billon, mais sont acquittés (Archives Nationales, AA 4).

1. Cf. « Pour une histoire monétaire de la France au xix” siècle : le rôle des monnaies de cuivre et de billon », Annales1959, p. 65-90.

2. Enquête de Defermon, Arch. Nationales, AF IV 1864. Sur la situation en 1839, on se reportera au Résumé des réponses faites par les receveurs généraux aux questions qui leur sont adressées par le Ministre des finances le 11 août 1839 relativement à la circulation des monnaies de cuivre et de billon.

3. Donnons ici un curieux exemple de 1’ « inquiétude » monétaire créée par les faux bruits de démonétisation et de la confusion des esprits, monnaie et politique étant inextricablement mêlées : nous l'avons trouvé dans une note d'un informateur ultra dirigée contre le Préfet de Vaisnes (6 juin 1816) : « Dans la Nièvre on croirait que l'administration travaille à augmenter (le mécontentement). Aussi aucun avis n'a été publié par le Préfet pour la démonétisation des pièces de 20 f non frappées au type des monnaies de France, d'où il résulte que des agitateurs malveillants ou abusant de l'ignorance des gens de la campagne les forcent à leur livrer les pièces démonétisées pour 4 et 5 f de perte et profitent de cette circonstance pour les engager à ne conserver que la monnaie à l'effigie de Bonaparte comme la seule qui aura cours avant peu… » Le ministre demanda des explications au Préfet, qui n'eut nulle peine à répondre : «D'abord, il n ‘y a pas eu de démonétisation des pièces de 20 f. On a dit dans le Moniteurqu'il en avait circulé qui n'étaient pas légales, mais aucun ordre des Ministres n'a permis de donner de la publicité à cet avis ; et en fait de monnaie comme en fait de subsistances, il faut être fort sobre de publicité. Si l'administration, à qui le fait n'a pas échappé, et qui en a conféré avec les comptables, vrais intéressés dans cette affaire, n'y eût pas mis la mesure dont on la blâme, la crainte aurait gagné tout le monde et bientôt les pièces d'or n'eussent plus circulé, et c'est alors qu'il se serait fait un funeste agiotage. La preuve au surplus que la conduite de l'Administration a été dans cette circonstance ce qu'elle devait être pour le service du Roi, c'est qu'il ne lui est parvenu aucune réclamation sur son silence à cet égard d'aucun point du département, où d'ailleurs la circulation de ces pièces d'or a été presque nulle… » (23 juillet 1816, Archives Nationales, F7 9139). Notons une fois de plus, sur ce témoignage sans équivoque, que la circulation se faisait presque exclusivement en argent.

1. De telles spéculations sont bien difficiles à retracer localement et l'histoire n'a jamais été écrite pour la France. Mais on ne peut nier l'importance du phénomène.

2. Pétition du sieur Suard, géomètre à Corbigny, qui se plaint de la cherté des actes, in Archives parlementairest. 125, p. 209, 1e r juin 1839.

3. Ainsi tout commerçant est incité par le prix de l'argent à faire de l'escompte. « M. Durand fils à Decize tient épicerie et mercerie et s'occupe de banque et de recouvrement » (Almanach de la Nièvre pour 1833p. 300). Les fermiers de grands domaines, les rentiers, les petits propriétaires sont tout naturellement amenés eux aussi à prêter à fort intérêt.

4. Laur, H., Prospectus de la Société Agricole et Industrielle, Nevers, 1835 Google Scholar : il s'agit de la mise en exploitation de terres… dans la Camargue. On ne saurait oublier aussi le rôle des achats de rentes et d'actions ; on accusait Paris, la Bourse de centraliser tout le numéraire français et l'agiotage sur les actions était un des thèmes favoris des campagnes électorales avant 1848. « M. Benoist a gagné en quatre ans des millions à la hausse ou à la baisse des actions de chemin de fer ». (Aux électeurs constitutionnels de Château-Chinon1846.)

5. Cf. « Transformations agraires en Nivernais de 1815 à 1840 », in Revue d'Histoire économique et sociale1956, p. 445-448.

6. Cf. « Pour une histoire bancaire régionale », art. cité.

7. Ce fut le député de la Nièvre, Benoist d'Azy, ancien inspecteur des finances, ancien directeur du mouvement des fonds, qui fit en 1847 le rapport à la Chambre sur la proposition d'abaisser à 250 f la moindre des coupures des billets de la Banque (Chambre des députés, 5 avril 1847, Rapport fait au nom de la commission…, publié par Wolowski, La question des Banques1864, p. 458 et suiv.). Benoist d'Azy célèbre les bienfaits de la circulation métallique qui seule donne la « sécurité des transactions » et « la garantie … contre ces crises désastreuses qui dans une seule année peuvent anéantir le fruit de dix ans de prospérité ».

1. Rappelons que les billets de banque étaient expédiés par la poste coupés en deux. « Demain on vous enverra des moitiés de billets de banque. Veuillez en avertir (le caissier) pour que les autres moitiés vous soient envoyées. » (3 septembre 1848, Archives Martin.) —-En 1864encore, le banquier Jacquinot expédie des sommes importantes à Paris en deux temps : il envoie d'abord par la poste les premières moitiés des billets de mille francs, attend l'avis de réception expédié par le télégraphe (qui « fait gagner un jour ») et expédie ensuite les deuxièmes moitiés. Les frais de transfert sur Paris demeurent toujours élevés : 1,25 pour mille en 1864.

2. Journal de Georges Dufaud30 janvier 1831 (Archives de M. Dezautière).— Notons qu'en 1831, la Commission de secours offre 100 000 f pour établir un Comptoir de commerce : la Chambre consultative des arts et manufactures refuse, les fabricants veulent des secours, non une banque concurrente (Journal, ibid.11 janvier 1831). En 1841, Dufaud reprit ce projet de banque départementale, mais vainement.

3. En 1846 au cours d'une séance du Conseil d'Administration des forges de Fourchambault, le gérant, Jules Hochet, se montra favorable à la création d'une succursale de la Banque à Nevers, qui devait assurer des avantages considérables à l'usine comme à la maison de commerce de Paris : précisément celle-ci venait d'être obligée d'envoyer des espèces à Fourchambault pour diminuer le compte courant débiteur. Rappelons que Fourchambault prenait tous les quinze jours, pour la solde des ouvriers, 25 000 f chez le receveur général, M. de Mieulle, qui était beau-frère de Hochet. Benoist D'Azy, discours précité.

5. Le Comptoir d'Escompte de Nevers, en 1850, tire gloire de ne jamais exiger « de ses clients la création de valeurs sur Paris donnant lieu à une commission qui pro- fite pour une partie au remettant et pour l'autre à la maison qui fait le paiement », petits profits autorisés par l'usage (Compte rendu des opérations du leT juillet au 31 décembre 1850…).

1. En 1853, on évaluait à 30 millions, le chiffre du papier de commerce créé par le commerce de Nevers et de ses environs, dont moitié créée par la métallurgie. Frébault remarquait en 1848 qu'il y avait « habituellement peu d'opérations qui se règlent en papier escomptable si l'on excepte celles de l'industrie métallurgique et du commerce des bois ». Le Comptoir d'Escompte créé en 1848 s'était appliqué à multiplier ce papier : « On commence à demander et à obtenir des valeurs commerciales pour des transactions qui autrefois ne se réglaient pas et laissaient inactive une partie du capital privé, et nous espérons bientôt voir chacun comprendre que ne pas donner un règlement à l'ouvrier et au fournisseur qu'on ne paye pas comptant, c'est paralyser la meilleure partie de ses ressources… » (Compte rendu des opérations du Comptoir… du 15 septembre 1848 au 30 juin 1849…par A. FRÉBault). Le papier de complaisance était souvent pratiqué en Nivernais pour se procurer des fonds (cf. par exemple Tribunal de Commerce de Nevers, Rapports et comptes Fougère contre Francèschina…1882).

2. Conseil Général de la Banque de France, 6 octobre 1853.

3. Les registres des baux permettent de saisir l'importance des sommes transférées hors du département au titre des fermages (Arch. DÉP. NIÈVre, Q).

4. A partir des années 1820, cf. Comptabilité de Courvol, Arch. DÉP. NIÈVre.

5. Besoin d'espèces pour payer les bûcherons et les flotteurs pendant l'hiver et le printemps, pour solder le prix des coupes, etc.

6. Sur l'influence du trafic de Loire, voir suprap. 439. L'incidence des faillites qui secouaient la place, les variations de l'industrie métallurgique ajoutent encore à ces crises périodiques (tableau des faillites, Archives Nationales, F2 0 722).

7. En 1847, plus d'un million fut réuni par Denis Benoist d'Azy (en numéraire ?) par souscription auprès des grands propriétaires pour importer du blé en Nivernais.

8. Ponts et Chaussées : 10 millions ; Canal du Nivernais : 21,5 ; Canal latéral à la Loire : 9,5 ; service de la Marine aux forges de Guérigny : 28 (se traduisent par des achats sur place de bois, de fontes, des salaires…, etc.).

9. Finances : 13 millions, Intérieur : 2,5 ; culte : 6 ; guerre : 14. 1. Benoist D'Azy, discours précité.

2. La vitesse de circulation était très faible en raison de l'importance des encaisses oisives rendues nécessaires par les habitudes monétaires de l'époque (cf. infra,).La création des chemins de fer en abaissant le coût de transport des espèces devait modifier l'attitude des détenteurs de monnaie, et augmenter par là même la vitesse de circulation de la monnaie (cf. A. Chabert, Structures économiques et théorie monétaire1956, p. 42-43).

3. Selon l'expression de P. Dieterlen, « Monnaie et expansion », in Revue d'Économie politique1961, p. 277.

4. « J ‘ a i fait tout ce que j ‚ a i pu », écrit le banquier Frébault à Boigues et Rambourg « pour vous procurer des écus et malgré cela il me sera impossible de vous remettre le tout en espèces ; elles sont très rares sur la place » (22 février 1854).

5. Sur dix condamnations de 1853 à 1857, deux concernaient des prêts de 10 à 20 000 f, six des prêts de plus de 20 000 f (cf. Enquête sur le taux légal de Vintérêt1865)

6. Jacquinot bénéficie de plus d'un million de dépôts vers 1860. Un des grands soucis de Frébault, directeur du Comptoir d'Escompte, était de collecter les encaisses oisives : « Quelqu'un s'est-il jamais donné la peine de calculer ce qu'il y a dans chaque ville de numéraire flottant et inoccupé, en attendant l'échéance des besoins auxquels il est destiné à satisfaire ? (…) Chez le commerçant en gros, en demi-gros ou en détail, il s'agglomère de jour en jour pour parer aux échéances de la huitaine, de la quinzaine ou de la fin de mois ; (…) chez le propriétaire, chez le rentier, chez le fonctionnaire public, chez l'employé, il rentre chaque trimestre ou chaque mois, pour former la provision et le fonds de roulement de tout le mois ou de tout le trimestre (…) Partout sans exception, l'argent subit un temps d'arrêt, un délai d'attente, un intervalle quelconque d'inoccupation, pendant lequel il ne sert à rien, ne rend rien et se trouve complètement perdu pour la production… » (Comptoir national à“Escompte de Nevers, Notice sur le service des chèques et des comptes de dépôts d'espèces1862, 16 pages, BibliothÈQue DE Nevers, 2 N 477/9).

1. Rapport annuel de la Banque de France. L'encaisse de la Banque de France subit de très fortes variations : elle s'élève de 1,720 000 (1856) à 6,210 000 f (1860) tombe progressivement à 1,800 000 (1864) se relève jusqu'à 3,050 000 f (1867) après la chute du Comptoir d'Escompte qui secoua durement la place de Nevers. Une mono, graphie de la succursale de la Banque de France de 1854 à 1910 serait très précieuse, car les variations des moyennes de l'encaisse et du portefeuille traduisent assez fidèlement l'état de la place : (1) (2) (1) (2) 1861 940 000 4 080 000 1866 850 000 2 990 000 1862 1 690 000 2 080 000 1867 1 380 000 3 040 000 1863 1 900 000 1 800 000 1868 2 490 000 2 999 000 1864 2 340 000 1 870 000 1869 2 301 000 2 445 000 1865 900 000 3 200 000 (1 ) Moyenne du portefeuille ; (2) Moyenne de l'encaisse.

2. Cf. Enquête monétaire de 186S(1869). Dans l'Allier l'argent ne représente plus qu'un centième dans le Cher par contre il s'élève encore à 10 %. Ministère des Finances. Documents relatifs à la question monétaire(Paris, 1858).

3. Nous avons retrouvé la trace dans les archives de la banque Jacquinot, du drainage des espèces provinciales sur Paris : de septembre à novembre 1864, Jacquinot adresse, par chemin de fer, à une maison d'affinage de Paris, 25 000 f en pièces anciennes ; ainsi, en septembre 1864, il envoie 1 800 f en vieilles pièces de 5 f, 1 400 en pièces Charles X, 6 800 f en nouvelles pièces. De telles spéculations devaient être fréquentes sur la place de Nevers.

4. Archives de la Banque de France à Paris. — En 1871 la banque Jacquinot recommence ses fructueuses opérations avec la maison Gadala, qui lui offre 8 % pour les pièces de 5 f antérieures à 1825, 3 % pour les pièces de 5 f Charles X, 2 % pour les nouvelles : les primes pour les pièces de 20 f en or était en octobre de 10 %, pour celles de 10 f de 8,5 %. Au total, en septembre et octobre 1871, Jacquinot expédie à l'affinage pour 150 000 f de pièces d'or et d'argent. Ainsi l'envoi du 10 octobre 1871 comprenant 9 500 f en pièces de 20 f, 1 500 f en pièces de 10 f, 3 100 f en pièces d'argent nouvelles et Charles X, 900 f en pièces anciennes — ce qui prouve que les pièces d'argent antérieures à 1825 circulaient encore dans une importante proportion. Or si une banque a honorable » comme Jacquinot se livrait à ce trafic de pièces

1. Cf. « Les spéculations sur l'or et l'argent en 1857 », Annales1962, p. 722-731.

3. Dans les départements voisins comme l'Yonne, l'argent représente un tiers par rapport à l'or, dans l'Allier 1/20° (en 1858). combien plus important devait être dans les campagnes le ramassage par les petits escompteurs, usuriers, huissiers !

1. Pièces de 20 f, 5 033 françaises, 571 belges, 257 italiennes, 31 autrichiennes; pièces de 10 f : 4 190 françaises, 1 073 italiennes, 865 belges (Bulletin de Statistique et de Législation comparée…1878).

2. Bulletin de Statistique et de Législation comparéet. 18 (1885), t. 30 (1891). Enquêtes auprès des comptables du Trésor et des succursales de la Banque de France du Crédit Lyonnais et de la Société Générale.

3. En 1885, les taux sont les suivants : Allier 67,21 %, Yonne 65,98 %, Cher 57,46 %, Saône-et-Loire 70,40 %. Notons que l'or était toujours employé dans les ventes et achats de bestiaux, suivant une tradition séculaire.

4. Le taux s'est égalisé : de 81 à 83 %pour l'Allier, l'Yonne, le Cher et la Saôneet- Loire.

5. Bulletin de Statistique et de Législation comparée, 1893, 2e semestre, p. 421.

6. Cf. « Le rôle des monnaies de cuivre et de billon », article citép. 89-90.

7. Cette histoire toute proche n'a point encore été écrite. En 1915 et 1917, la Chambre de Commerce émit pour 800.000 francs de coupons de 1 franc et 0,50 franc, en 1920 pour 1.400.000 francs. De juillet 1921 à mai 1923, il en fut incinéré pour 1.200.000 francs, mais la Monnaie ne pouvait suffisamment approvisionner le commerce en pièces divisionnaires. (Cf. Bulletin de la Chambre de Commerce de Nevers1920-1923 et Archives de la Chambre de Commerce).

8. Dès la fin de juin 1940, la Chambre de Commerce de Nevers décidait d'émettre pour 10 millions de bons de monnaie qui permirent de verser des acomptes sur les salaires : les 14 millions de francs émis furent retirés de la circulation à partir du 20 septembre au fur et à mesure de leur versement dans les banques et les Caisses publiques (Cf. Bulletin de la Chambre de Commerce1940, p. 156, 203).

1. La pénurie de monnaie divisionnaire fut sensible dès la fin 1941 en raison de l'arrêt des fabrications de pièces en bronze d'aluminium imposé par les Allemands, ce qui suscita des doléances très vives du commerce ; certains établissements — boulangeries, épiceries — tentèrent d'utiliser « ce moyen de fortuni que constitue un morceau de papier portant une indication de valeur avec signature et cachet» ; la circulation de tels bons demeura extrêmement limitée et, loin d'atténuer les difficultés monétaires, fut parfois la source de vives discussions. La Chambre de Commerce demanda en novembre 1942 à être à nouveau autorisée à émettre des coupures, mais en vain.

1. La pénurie de monnaie divisionnaire fut sensible dès la fin 1941 en raison de l'arrêt des fabrications de pièces en bronze d'aluminium imposé par les Allemands, ce qui suscita des doléances très vives du commerce ; certains établissements — boulangeries, épiceries — tentèrent d'utiliser « ce moyen de fortuni que constitue un morceau de papier portant une indication de valeur avec signature et cachet» ; la circulation de tels bons demeura extrêmement limitée et, loin d'atténuer les difficultés monétaires, fut parfois la source de vives discussions. La Chambre de Commerce demanda en novembre 1942 à être à nouveau autorisée à émettre des coupures, mais en vain.