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Sur le passé de la noblesse française : quelques jalons de recherche

Published online by Cambridge University Press:  30 October 2017

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Que la noblesse française — comme la plupart des noblesses européennes — ne remonte pas, en tant qu'institution, à des âges très reculés, la plupart des historiens en tombent aujourd'hui d'accord. Elle n'a commencé à se constituer véritablement que vers la fin du XIIe siècle ; le siècle suivant a vu s'en fixer les contours. Du moins, au sens où tout notre passé nous a habitués à prendre le mot de noblesse, c'est-à-dire comme un groupe pourvu d'un statut juridique précis qui se transmettait avec le sang ou, à défaut d'hérédité, s'acquérait seulement selon des règles elles-mêmes strictement définies en droit. Mais cette formation de classe fut l'aboutissement d'une longue évolution et, sans la connaissance de ce qui la précéda et la prépara, demeurerait inintelligible.

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Enquêtes
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Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1936

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References

page 366 Note 1. Cf. Neufbourg, Projet d'une enquête sur la noblesse française dans Annales, t. VIII 1936, p. 243-256.

page 367 Note 1. Un ouvrage, en préparation, sur La société féodale me fournira, je l'espère, l'occasion de revenir plus en détail sur ces problèmes et de proposer quelques solutions, au moins provisoires. D'autre part, on voudra bien ne rien chercher ici qui ressemble à une bibliographie de l'histoire nobiliaire française. Comme la littérature particulière à la noblesse est pauvre et souvent médiocre, l'inventaire, pour être vraiment utile, devrait s'étendre à beaucoup de travaux d'histoire sociale ou économique générale. Il était impossible d'entreprendre une pareille tâche. Voir, d'ailleurs, l'utile Bibliographie critique en tête de l'ouvrage de Mr Jean Richard-bloch, cité ci-dessous, p. 374, n. 2. Sur l'ensemble du sujet, il suffira de signaler l'esquisse, forcément très incomplète, mais intelligente et amusante, du Vicomte de Mahsay, De l'âge des privilèges au temps des vanités : essai sur l'origine et la valeur des prétentions nobiliaires (Paris, Champion), 1932, et Supplémeni : réponse à quelques critiques, 1933.

page 369 Note 1. Essai sur l'origine de la noblesse en France au moyen âge, Paris, 1902.

page 369 Note 2. Cf. mon mémoire Liberté et servitude personnelles au moyen âge, particulièrement en France dans Anuario de historia del derecho espaflol, t. X, 1933, et le compte rendu de Mr CH.-E. Perrin dans Annales, t. VI, 1934, p. 274 ; quelques indications de méthode dans mon compte rendu de F. Thibault, La condition des personnes en France dans Annales, t. VII, 1935, p. 213.

page 369 Note 3. Richer, Historiarum libri IIII, IV, 11.

page 370 Note 1. La Chançon de Guillelme, éd. Suchier (Bibliotheca normannica), 1911, CLII à CLIV.

page 370 Note 2. Bien entendu, des réminiscences classiques intervenaient aussi : ordo equester. Mais elles aidaient seulement à fixer le langage. Le sens d'ordo était très net aux consciences. Aussi bien, disait-on beaucoup plutôt ordo militaris, qui n'a pas de précédent latin.

page 370 Note 3. Mémoires sur l'ancienne chevalerie, Paris, 1759-1760. Éd. Nodier, Paris, 1826.

page 370 Note 4. La chevalerie, 2e éd , Paris, 1895. Je ne citerai que pour mémoire le travail de S. Pi- Vano, Lineamenti storici e guiridici délia cavalleria medioevale dans Memorie délia r. Accad. délie Scienze di Torino, Série II, t. LV, 1905, Scienze Morali, et le recueil d'Edgar Prestage, Chivalry : a séries of studies to illustrate its historical significance and civilizing influence, by members of King's College, London (Londres, 1928) ; de l'un et l'autre, il y a assez peu à tirer. On ne saurait, en revanche, manquer de signaler, bien qu'il se rapporte surtout à l'Allemagne, l'ouvrage de K. H. Roth von Schreckenstein, Die Ritterwiirde und der Ritterstand (Fribourg-en-Brisgau, 1886), ni de rappeler, sur la cérémonie même de l'adoubement, les études de K. Treis, Die Formalitäten des Ritterschlags in der altfranzösichen Epik (Berlin, 1887 ; Diss. Berlin) et surtout de W. Erben, Schwertleite und Ritterschlag dans Zeitschrift für historische Waffenhunde, t. VIII, 1918-1920.

page 371 Note 1. Sur l'étrier, voir Lefebvre des Noêttes, L'attelage, le cheval de selle à travers les âges (Paris, 1921), p. 233 et suiv., et ma note sur Les inventions médiévales dans Annales, t. VII, 1935, p. 634 et suiv. ; — sur l'escrime, au combat, et en particulier les divers emplois de la lance, le remarquable mémoire de J. Schwietekins, Zur Geschichte vom Speer und Schwert im 12. Jahrhundert dans Mitteilungen aus dem Muséum fur Hamburgische Geschichte, Nr 3 (8. Beiheft, 2 Teil, zum Jahriuch der Hamburgischen Wissenschaflslichen Anstalten, t. XXIX, 1911).

page 372 Note 1. Voir, en particulier, le livre de l'abbé Michel Andrieu, Les ordines romani du havt moyen äge. I. Les manuscrits, Louvain, 1931 (Spicilegium sacrum Lovaniense, 11), — véritable mine de renseignements pour les historiens, s'ils savent se donner la peine d'y fouiller.

page 372 Note 2. Ici se pose le curieux problème de la « noblesse maternelle », qui exista ou se maintint notamment en Champagne ; il y a, sur ce sujet, toute une littérature, recensée, en particulier, par É. Chènon, Histoire générale du droit français, t. II (1929), p. 28, n. 3. Cf. aussi R. Debuisson, Etude sur la condition des personnes et des terres d'après les Coutumes de Reims, Reims, 1930 (Th. Droit Paris), p. 33.

page 372 Note 3. Histoire de Languedoc, t. VIII, col. 1 747 (1298, 3 juin). Le document, établi sous 23 sceaux de clercs, nobles, bourgeois et juristes, fait connaitre la coutume observée dans la sénéchaussée de Beaucaire et en Provence. Il constitue visiblement la réponse à une enquête. Dans quelles conditions ? Je ne sais s'il serait possible de le déterminer. Mais il vaudrait la peine de tenter la recherche. H. Beaune (Droit coutumier français, t. II, La condition des personnes, s. d, p. 84) renvoie également, au sujet de ces pratiques, à un texte du juriste Bartole, que je n'ai pas su retrouver.

page 372 Note 4. Sur ces faits, consulter en particulier, l'esquisse de Ch.-V. Langlois, Les origines de la noblesse en France dans Revue des Deux Mondes, 1902, t. V.

page 373 Note 1. Parmi les symptômes les plus nets de la constitution de la noblesse, il faudrait sans doute comprendre les transformations subies par les usages héraldiques, les « signes de reconnaissance » primitifs étant devenus d'abord héréditaires — ou attachés au fief —, puis s'étant mués finalement en privilège de classe. Mais, sur ce point, il est, à l'heure actuelle, impossible au profane de tirer parti des travaux des spécialistes, à la fois très dispersés et souvent — autant que j'en puis juger — fâcheusement dépourvus d'esprit véritablement historique. Les mémoires généraux d'Anatole de Barthélémy, Essai sur l'origine des armoiries féodales dans Mém. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, t. XXXV, 1870-1871 et de Th. Ilgen, Zur Entstehung und Entwichlungsgeschichte der Wappen dans Korrespondenzblatt des Gesamivereins der deutschen Geschichts- und Altertumsvereine, t. LXIX, 1921, sont, l'un et l'autre, insuffisants. Je ne sais s'il y a mieux ; peut-être les revues spéciales recèlent-elles des trésors cachés. Mais, certainement, le sujet serait à reprendre, et mènerait plus loin qu'on ne pense.

page 374 Note 1. Essai sur les lettres d'anoblissement dans Revue nobiliaire, 1869 ; cf., du même auteur, De la qualification de chevalier (ibid., 1868).

page 374 Note 2. L'anoblissement en France au temps de François Ier : essai d'une définition de la condition juridique et sociale de la noblesse au début du XVIe siècle, Paris, 1934 (Bibliothèque de la Rev. historique). Cf. mon compte rendu, Revue de synthèse, 1935, p. 157. Il existe, bien entendu, des études régionales, dont nous ne possédons pas de bibliographie satisfaisante.

page 374 Note 3. Il existe même, dressée en 1753 par Dom Carpentier, une table des lettres d'anoblissement contenues dans les registres : Bibl. Nat., ms. latin 18 345.

page 374 Note 4. Pour la Flandre, voir Paul Thomas, Comment Guy de Dampierre comte de Flandre anoblissait les roturiers au XIIIe siècle dans Commission historique du Nord, 1933 ; cf. le compte rendu de Lucien Febvre dans Annales, t. VII, 1935, p. 107, et le mien dans Revue de synthèse, 1935, p. 155. Pour les ducs de Bretagne, Barthélémy, Rev. nobiliaire, 1869, p. 220 ; de Bar, ibid., p. 204. Autres références dans l'ouvrage de X. Desbrousses; cité à la note suivante, p. 375.

page 375 Note 1. Il y a, naturellement, sur la noblesse une assez abondante littérature d'Ancien Régime, de caractère surtout juridique, mais dont l'utilité demeure grande ; on pourra consulter sur elle la bibliographie de Mr J. Richard-Bloch. Il faut mettre hors de pair le grand Traité de la noblesse de G. A. De la Roque, dont la meilleure édition est de 1735. Sur le statut des nobles, le livre de X. Desbrousses, Condition personnelle de la noblesse au moyen âge, Bordeaux, 1901 (Th. droit Bordeaux), apporte quelques renseignements, mais de seconde main et sans classement chronologique ; cf. aussi DE Sémainville, Code de la noblesse française, 1860. Les travaux de généalogistes sont innombrables et peuvent être précieux, à condition d'apporter à leur utilisation l'esprit critique qui n'en a pas toujours dirigé l'élaboration. De même les recueils régionaux : armoriaux, publications de recherches de noblesse, etc. ; il serait utile d'en avoir une liste, elle-même de caractère critique.

page 375 Note 2. Signalons aussi — mais sans tenter une bibliographie qui serait à la fois considérable et insuffisante — un autre problème du statut nobiliaire : le privilège de la chasse. L'histoire en est encore très mal élucidée, et mériterait assurément de séduire un chercheur.

page 376 Note 1. Cf. Marc Bloch, Un problème d'histoire comparée : la ministerialité en France et en Allemagne dans Rev. histor. du droit, 1928. Mais le sujet mériterait d'être repris, région par région.

page 376 Note 2. L'histoire d'une classe ne s'inscrit pas seulement dans son propre statut, son genre de vie ou sa mentalité ; les réactions qu'elle inspire au reste de la société ne sont pas un symptôme moins instructif de la forte constitution du groupe ni un facteur moins important de son destin. Un essai a été tenté, dans cette direction, par Henri Carré, La noblesse en France et l'opinion publique au XVIIIe siècle, Paris, 1920. Le livre n'est pas sans utilité. Mais il y aurait, sans doute, à y ajouter et la recherche devrait être étendue. En particulier, le violent mouvement anti-nobiliaire du xive siècle est un des signes les plus révélateurs que nous possédions sur la constitution de la noblesse, en tant que classe stricte : entre autres témoignages, qui abondent, voyez les lettres d'Etienne Marcel (lequel, deux siècles plus tard, eût été lui-même, en tant que magistrat d'une grande ville, rangé parmi les nobles) ; voyez la Jacquerie, couramment qualifiée de sédition des nonnobles contre les nobles.

page 377 Note 1. Le livre de Pierre de Vaissière, Gentilshommes campagnards de l'ancienne France (2e éd., Paris, 1925) abonde en renseignements vivants, souvent révélateurs — comme d'ailleurs, sur d'autres aspects de la vie nobiliaire, ses deux volumes de Récits du « temps des troubles », 3e et 2e éd., Paris, 1912-1914. Mais le point de vue proprement économique n'y est pas traité à fond, çà et là quelques travaux de détail jettent, de leur côté, un peu de jour sur le sujet : je citerai, à titre d'exemples — en dehors d'Importantes publications de livres de raison nobiliaires comme, par exemple, le Journal du Sire de Gouberville, 1553-1564, p. p. E. de Beaurepaihe dans Mém. Soc. Antiq. Normandie, t. XXXI, 1892, in-4° ou Le livre-journal tenu par Fazy de Rami en langage embrunais, p. p. G. de Manteyer, Gap, 1932, 2 vol. in-8° — l'instructif mémoire de Mr Salvini, La vie dans un manoir du Bas-Poitou pendant un siècle, La Rochejaquelain (1566-1665) dans Bull. Soc. Antiq. de l'Ouest, 1929, et, à un autre degré de la hiérarchie, l'ouvrage, si plein, de Paul de Rousurs, Une famille de hobereaux pendant six siècles (Paris, 1935). Pour la Bourgogne, voir G. Roupnel, Les populations de la ville et de la campagne dijonnaise au XVIIe siècle (Paris, 1922, in-8°, Thèse Lettres, Paris). Enfin, mais pour le XVIe siècle seulement, décidément avantagé, et sur une province qui alors n'était pas du royaume, on se reportera naturellement à Lucien Febvre, Philippe II et la Franche-Comté (Paris, 1911, Thèse Lettres, Paris) : la vie noble et les patrimoines nobiliaires y sont l'objet de chapitres particulièrement riches. — Sur l'état de choses à la veille de la Révolution, les études sont, comme l'on sait, beaucoup plus nombreuses. Mais elles décrivent un point d'aboutissement, plutôt que révolution elle-même ; cf. l'exposé synthétique de G. Lefebvre, Les recherches relatives à la répartition de la propriété et de l'exploitation à la fin de l'Ancien Régime dans Rev. d'hist. moderne, 1928.

page 377 Note 2. Quelques indications à ce sujet dans A. Gain, La Restauration et les biens des émigrés (Nancy, 1928, Thèse Lettres, Paris), t. I, p. 42 etsuiv. et t. II, p. 417 et suiv. Sur le XIXe siècle finissant, voir aussi le précieux ouvrage d'A. Siegfried, Tableau politique de la France de l'Ouest sous la Troisième République (Paris, 1913).

page 378 Note 1. Classes sociales et attitudes révolutionnaires dans Annales, t. VII, 1935, p. 167. Ceci poserait d'ailleurs, pour l'ancienne France, le problème de la dérogeance et de ses limites : cf. une communication de Mr Henri Lévy-Brphi,, dans Bultet. Soc. hist. moderne, mai 1932. La notion de l'exemption d'impôt, liée théoriquement à la qualité militaire, a joué certainement en la matière un rôle capital. Il conviendrait, d'ailleurs, de distinguer : 1° l'interdiction des opéra rustica (sur lesquels voir les curieux statuts comtaux de Provence de 1235-1238 où la liaison avec l'immunité fiscale apparaît nettement : F. Benoit, Recueil des actes des comtes de Provence, t. II, n° 246, 275, 277, 278) ; 2° l'interdiction du commerce, exigée quelquefois par les bourgeoisies urbaines elles-mêmes (cf. en Provence encore, M. E. Isnard, Livre des privilèges de Manosque, n° XL, 1293, 1er sept.). Il semble qu'à la fin du xve siècle l'importance prise par les nobles d'offices, en même temps que la crise des fortunes nobiliaires, aient conduit à multiplier les « congés de marchander », où la royauté trouvait d'ailleurs l'occasion de ces ventes de dérogations auxquelles elle excellait : bons exemples dans Mém. Soc. se. naturelles de la Creuse, 1931, p. XVII (1461-1483) et Travaux Acad. Reims, t. CXXXI, 1912-1913, p. 180 (1466, 12 mai).